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Traduko de la esperanta vorto (ekz.: jxauxdo):
Traduction du mot français:

Kiam okazis la unua universala Kongreso de Esperanto? 
     
Esperanta vorto por: fuĝi el militista servo 
En la kategorio 'objektoj'
Kio estas tio?

Via respondo (ekz. jxauxdo):

Manifesto de konsternitaj ekonomikistoj

(fr: Manifeste d’économistes atterrés) 01/09/2010

Krizo kaj ŝuldo en Eŭropo: 10 falsaj evidentaĵoj, 22 debateblaj proponoj por eliri el la senelirejo (fr: CRISE ET DETTE EN EUROPE : 10 FAUSSES EVIDENCES, 22 MESURES EN DEBAT POUR SORTIR DE L’IMPASSE)

Unuaj subskribintoj : Philippe Askenazy (CNRS, Ecole d’économie de Paris), Thomas Coutrot (Conseil scientifique d’Attac), André Orléan (CNRS, EHESS, président de l’AFEP), Henri Sterdyniak (OFCE)

Introduction La reprise économique mondiale, permise par une injection colossale de dépenses publiques dans le circuit économique (des États-Unis à la Chine), est fragile mais réelle. Un seul continent reste en retrait, l’Europe. Retrouver le chemin de la croissance n’est plus sa priorité politique. Elle s’est engagée dans une autre voie : celle de la lutte contre les déficits publics.

Dans l’Union Européenne, ces déficits sont certes élevés – 7% en moyenne en 2010 – mais bien moins que les 11% affichés par les États-Unis . Alors que des États nord-américains au poids économique plus important que la Grèce, la Californie par exemple, sont en quasi-faillite, les marchés financiers ont décidé de spéculer sur les dettes souveraines de pays européens, tout particulièrement ceux du Sud. L’Europe est de fait prise dans son propre piège institutionnel : les États doivent emprunter auprès d’institutions financières privées qui obtiennent, elles, des liquidités à bas prix de la Banque Centrale Européenne. Les marchés ont donc la clé du financement des États. Dans ce cadre, l’absence de solidarité européenne suscite la spéculation, d’autant que les agences de notation jouent à accentuer la défiance.

Il a fallu la dégradation, le 15 juin, de la note de la Grèce par l’agence Moody’s, pour que les dirigeants européens retrouvent le terme d’ « irrationalité » qu’ils avaient tant employé au début de la crise des subprimes. De même, on découvre maintenant que l’Espagne est bien plus menacée par la fragilité de son modèle de croissance et de son système bancaire que par son endettement public.

Pour « rassurer les marchés », un Fonds de stabilisation de l’euro a été improvisé, et des plans drastiques et bien souvent aveugles de réduction des dépenses publiques ont été lancés à travers l’Europe. Les fonctionnaires sont les premiers touchés, y compris en France, où la hausse des cotisations retraites sera une baisse déguisée de leur salaire. Le nombre de fonctionnaires diminue partout, menaçant les services publics. Les prestations sociales, des Pays-Bas au Portugal en passant par la France avec l’actuelle réforme des retraites, sont en voie d’être gravement amputées. Le chômage et la précarité de l’emploi se développeront nécessairement dans les années à venir. Ces mesures sont irresponsables d’un point de vue politique et social, et même au strict plan économique.

Cette politique, qui a très provisoirement calmé la spéculation, a déjà des conséquences sociales très négatives dans de nombreux pays européens, tout particulièrement sur la jeunesse, le monde du travail et les plus fragiles. A terme elle attisera les tensions en Europe et menacera de ce fait la construction européenne elle-même, qui est bien plus qu’un projet économique. L’économie y est censée être au service de la construction d’un continent démocratique, pacifié et uni. Au lieu de cela, une forme de dictature des marchés s’impose partout, et particulièrement aujourd’hui au Portugal, en Espagne et en Grèce, trois pays qui étaient encore des dictatures au début des années 1970, il y a à peine quarante ans.

Qu’on l’interprète comme le désir de « rassurer les marchés » de la part de gouvernants effrayés, ou bien comme un prétexte pour imposer des choix dictés par l’idéologie, la soumission à cette dictature n’est pas acceptable, tant elle a fait la preuve de son inefficacité économique et de son potentiel destructif au plan politique et social. Un véritable débat démocratique sur les choix de politique économique doit donc être ouvert en France et en Europe. La plupart des économistes qui interviennent dans le débat public le font pour justifier ou rationaliser la soumission des politiques aux exigences des marchés financiers. Certes, les pouvoirs publics ont dû partout improviser des plans de relance keynésiens et même parfois nationaliser temporairement des banques. Mais ils veulent refermer au plus vite cette parenthèse. Le logiciel néolibéral est toujours le seul reconnu comme légitime, malgré ses échecs patents. Fondé sur l’hypothèse d’efficience des marchés financiers, il prône de réduire les dépenses publiques, de privatiser les services publics, de flexibiliser le marché du travail, de libéraliser le commerce, les services financiers et les marchés de capitaux, d’accroître la concurrence en tous temps et en tous lieux...

En tant qu’économistes, nous sommes atterrés de voir que ces politiques sont toujours à l’ordre du jour et que leurs fondements théoriques ne sont pas remis en cause. Les arguments avancés depuis trente ans pour orienter les choix des politiques économiques européennes sont pourtant mis en défaut par les faits. La crise a mis à nu le caractère dogmatique et infondé de la plupart des prétendues évidences répétées à satiété par les décideurs et leurs conseillers. Qu’il s’agisse de l’efficience et de la rationalité des marchés financiers, de la nécessité de couper dans les dépenses pour réduire la dette publique, ou de renforcer le « pacte de stabilité », il faut interroger ces fausses évidences et montrer la pluralité des choix possibles en matière de politique économique. D’autres choix sont possibles et souhaitables, à condition d’abord de desserrer l’étau imposé par l’industrie financière aux politiques publiques.

Nous faisons ci-dessous une présentation critique de dix postulats qui continuent à inspirer chaque jour les décisions des pouvoirs publics partout en Europe, malgré les cinglants démentis apportés par la crise financière et ses suites. Il s’agit de fausses évidences qui inspirent des mesures injustes et inefficaces, face auxquelles nous mettons en débat vingt-deux contre-propositions. Chacune d’entre elles ne fait pas nécessairement l’unanimité entre les signataires de ce texte, mais elles devront être prises au sérieux si l’on veut sortir l’Europe de l’impasse.

FAUSSE EVIDENCE N°1 : LES MARCHES FINANCIERS SONT EFFICIENTS

Aujourd’hui, un fait s’impose à tous les observateurs : le rôle primordial que jouent les marchés financiers dans le fonctionnement de l’économie. C’est là le résultat d’une longue évolution qui a débuté à la fin des années soixante-dix. De quelque manière qu’on la mesure, cette évolution marque une nette rupture, aussi bien quantitative que qualitative, par rapport aux décennies précédentes. Sous la pression des marchés financiers, la régulation d’ensemble du capitalisme s’est transformée en profondeur, donnant naissance à une forme inédite de capitalisme que certains ont nommée « capitalisme patrimonial », « capitalisme financier » ou encore « capitalisme néolibéral ».

Ces mutations ont trouvé dans l’hypothèse d’efficience informationnelle des marchés financiers leur justification théorique. En effet, selon cette hypothèse, il importe de développer les marchés financiers, de faire en sorte qu’ils puissent fonctionner le plus librement possible, parce qu’ils constituent le seul mécanisme d’allocation efficace du capital. Les politiques menées avec opiniâtreté depuis trente ans sont conformes à cette recommandation. Il s’est agi de construire un marché financier mondialement intégré sur lequel tous les acteurs (entreprises, ménages, États, institutions financières) peuvent échanger toutes les catégories de titres (actions, obligations, dettes, dérivés, devises) pour toutes les maturités (long terme, moyen terme, court terme). Les marchés financiers en sont venus à ressembler au marché « sans friction » des manuels : le discours économique est parvenu à créer la réalité. Les marchés étant de plus en plus « parfaits » au sens de la théorie économique dominante, les analystes ont cru que le système financier était désormais bien plus stable que par le passé. La « grande modération » - cette période de croissance économique sans hausse des salaires qu’ont connus les USA de 1990 à 2007 - a semblé le confirmer.

Aujourd’hui encore le G20 persiste dans l’idée que les marchés financiers sont le bon mécanisme d’allocation du capital. La primauté et l’intégrité des marchés financiers demeurent les objectifs finaux que poursuit sa nouvelle régulation financière. La crise est interprétée non pas comme un résultat inévitable de la logique des marchés dérégulés, mais comme l’effet de la malhonnêteté et de l’irresponsabilité de certains acteurs financiers mal encadrés par les pouvoirs publics.

Pourtant, la crise s’est chargée de démontrer que les marchés ne sont pas efficients, et qu’ils ne permettent pas une allocation efficace du capital. Les conséquences de ce fait en matière de régulation et de politique économique sont immenses. La théorie de l’efficience repose sur l’idée que les investisseurs recherchent et trouvent l’information la plus fiable possible sur la valeur des projets qui sont en concurrence pour trouver un financement. A en croire cette théorie, le prix qui se forme sur un marché reflète les jugements des investisseurs et synthétise l’ensemble de l’information disponible : il constitue donc une bonne estimation de la vraie valeur des titres. Or, cette valeur est supposée résumer toute l’information nécessaire pour orienter l’activité économique et ainsi la vie sociale. Ainsi, le capital s’investit dans les projets les plus rentables et délaisse les projets les moins efficaces. Telle est l’idée centrale de cette théorie : la concurrence financière produit des prix justes qui constituent des signaux fiables pour les investisseurs et orientent efficacement le développement économique.

Mais la crise est venue confirmer les différents travaux critiques qui avaient mis en doute cette proposition. La concurrence financière ne produit pas nécessairement des prix justes. Pire : la concurrence financière est souvent déstabilisante et conduit à des évolutions de prix excessives et irrationnelles, les bulles financières.

L’erreur majeure de la théorie de l’efficience des marchés financiers consiste à transposer aux produits financiers la théorie habituelle des marchés de biens ordinaires. Sur ces derniers, la concurrence est pour partie autorégulatrice en vertu de ce qu’on nomme la « loi » de l’offre et de la demande : lorsque le prix d’un bien augmente, alors les producteurs vont augmenter leur offre et les acheteurs réduire leur demande ; le prix va donc baisser et revenir près de son niveau d’équilibre. Autrement dit, quand le prix d’un bien augmente, des forces de rappel tendent à freiner puis inverser cette hausse. La concurrence produit ce qu’on appelle des « feedbacks négatifs », des forces de rappel qui vont dans le sens contraire du choc initial. L’idée d’efficience naît d’une transposition directe de ce mécanisme à la finance de marché.

Or, pour cette dernière, la situation est très différente. Quand le prix augmente, il est fréquent d’observer, non pas une baisse mais une hausse de la demande ! En effet la hausse du prix signifie un rendement accru pour ceux qui possèdent le titre, du fait de la plus-value réalisée. La hausse du prix attire donc de nouveaux acheteurs, ce qui renforce encore la hausse initiale. Les promesses de bonus poussent les traders à amplifier encore le mouvement. Jusqu’à l’incident, imprévisible mais inévitable, qui provoque l’inversion des anticipations et le krach. Ce phénomène digne des moutons de Panurge est un processus à « feedbacks positifs », qui aggrave les déséquilibres. C’est la bulle spéculative : une hausse cumulative des prix qui se nourrit elle-même. Ce type de processus ne produit pas des prix justes, mais au contraire des prix inadéquats.

La place prépondérante occupée par les marchés financiers ne peut donc conduire à une quelconque efficacité. Plus même, elle est une source permanente d’instabilité, comme le montre clairement la série ininterrompue de bulles que nous avons connue depuis 20 ans : Japon, Asie du Sud-Est, Internet, Marchés émergents, Immobilier, Titrisation. L’instabilité financière se traduit ainsi par de fortes fluctuations des taux de change et de la Bourse, manifestement sans rapport avec les fondamentaux de l’économie. Cette instabilité, née du secteur financier, se propage à l’économie réelle par de nombreux mécanismes.

Pour réduire l’inefficience et l’instabilité des marchés financiers, nous suggérons quatre mesures :

Mesure n°1 : cloisonner strictement les marchés financiers et les activités des acteurs financiers, interdire aux banques de spéculer pour leur compte propre, pour éviter la propagation des bulles et des krachs

Mesure n°2 : Réduire la liquidité et la spéculation déstabilisatrice par des contrôles sur les mouvements de capitaux et des taxes sur les transactions financières

Mesure n°3 : limiter les transactions financières à celles répondant aux besoins de l’économie réelle (ex. : CDS uniquement pour les détenteurs des titres assurés, etc.)

Mesure n°4 : plafonner la rémunération des traders


FAUSSE EVIDENCE N°2 : LES MARCHES FINANCIERS SONT FAVORABLES A LA CROISSANCE ECONOMIQUE

L’intégration financière a porté le pouvoir de la finance à son zénith par le fait qu’elle unifie et centralise la propriété capitaliste à l’échelle mondiale. Désormais c’est elle qui détermine les normes de rentabilité exigées de l’ensemble des capitaux. Le projet était que la finance de marché se substitue au financement bancaire des investissements. Projet qui a d’ailleurs échoué, puisqu’aujourd’hui, globalement, ce sont les entreprises qui financent les actionnaires au lieu du contraire. La gouvernance des entreprises s’est néanmoins profondément transformée pour atteindre les normes de rentabilité du marché. Avec la montée en puissance de la valeur actionnariale, s’est imposée une conception nouvelle de l’entreprise et de sa gestion, pensées comme étant au service exclusif de l’actionnaire. L’idée d’un intérêt commun propre aux différentes parties prenantes liées à l’entreprise a disparu. Les dirigeants des entreprises cotées en Bourse ont désormais pour mission première de satisfaire le désir d’enrichissement des actionnaires et lui seul. En conséquence, ils cessent eux-mêmes d’être des salariés, comme le montre l’envolée démesurée de leurs rémunérations. Comme l’avance la théorie de « l’agence », il s’agit de faire en sorte que les intérêts des dirigeants soient désormais convergents avec ceux des actionnaires.

Le ROE (Return on Equity, ou rendement des capitaux propres) de 15% à 25% est désormais la norme qu’impose le pouvoir de la finance aux entreprises et aux salariés. La liquidité est l’instrument de ce pouvoir, permettant à tout moment aux capitaux non satisfaits d’aller voir ailleurs. Face à cette puissance, le salariat comme la souveraineté politique apparaissent de par leur fractionnement en état d’infériorité. Cette situation déséquilibrée conduit à des exigences de profit déraisonnables, car elles brident la croissance économique et conduisent à une augmentation continue des inégalités de revenu. D’une part les exigences de profitabilité inhibent fortement l’investissement : plus la rentabilité demandée est élevée, plus il est difficile de trouver des projets suffisamment performants pour la satisfaire. Les taux d’investissement restent historiquement faibles en Europe et aux États-Unis. D’autre part, ces exigences provoquent une constante pression à la baisse sur les salaires et le pouvoir d’achat, ce qui n’est pas favorable à la demande. Le freinage simultané de l’investissement et de la consommation conduit à une croissance faible et à un chômage endémique. Cette tendance a été contrecarrée dans les pays anglo-saxons par le développement de l’endettement des ménages et par les bulles financières qui créent une richesse fictive, permettent une croissance de la consommation sans salaires, mais se terminent par des krachs.

Pour remédier aux effets négatifs des marchés financiers sur l’activité économique nous mettons en débat trois mesures :

Mesure n°5 : renforcer significativement les contre-pouvoirs dans les entreprises pour obliger les directions à prendre en compte les intérêts de l’ensemble des parties prenantes

Mesure n°6 : accroître fortement l’imposition des très hauts revenus pour décourager la course aux rendements insoutenables

Mesure n°7 : réduire la dépendance des entreprises vis-à-vis des marchés financiers, en développant une politique publique du crédit (taux préférentiels pour les activités prioritaires au plan social et environnemental)

FAUSSE EVIDENCE N° 3 : LES MARCHES SONT DE BONS JUGES DE LA SOLVABILITE DES ETATS

Selon les tenants de l’efficience des marchés financiers, les opérateurs de marché prendraient en compte la situation objective des finances publiques pour évaluer le risque de souscrire à un emprunt d’État. Prenons le cas de la dette grecque : les opérateurs financiers et les décideurs s’en remettent aux seules évaluations financières pour juger la situation. Ainsi, lorsque le taux exigé de la Grèce est monté à plus de 10%, chacun en a déduit que le risque de défaut était proche : si les investisseurs exigent une telle prime de risque, c’est que le danger est extrême.

C’est là une profonde erreur si l’on comprend la vraie nature de l’évaluation par le marché financier. Celui-ci n’étant pas efficient, il produit très souvent des prix totalement déconnectés des fondamentaux. Dans ces conditions, il est déraisonnable de s’en remettre aux seules évaluations financières pour juger d’une situation. Évaluer la valeur d’un titre financier n’est pas une opération comparable à la mesure d’une grandeur objective, par exemple à l’estimation du poids d’un objet. Un titre financier est un droit sur des revenus futurs : pour l’évaluer il faut prévoir ce que sera ce futur. C’est affaire de jugement, pas de mesure objective, parce qu’à l’instant t, l’avenir n’est aucunement prédéterminé. Dans les salles de marché, il n’est que ce que les opérateurs imaginent qu’il sera. Un prix financier résulte d’un jugement, une croyance, un pari sur l’avenir : rien n’assure que le jugement des marchés ait une quelconque supériorité sur les autres formes de jugement.

Surtout l’évaluation financière n’est pas neutre : elle affecte l’objet mesuré, elle engage et construit le futur qu’elle imagine. Ainsi les agences de notation financières contribuent largement à déterminer les taux d’intérêt sur les marchés obligataires en attribuant des notes empruntes d’une grande subjectivité voire d’une volonté d’alimenter l’instabilité, source de profits spéculatifs. Lorsqu’elles dégradent la notation d’un État, elles accroissent le taux d’intérêt exigé par les acteurs financiers pour acquérir les titres de la dette publique de cet État, et augmentent par là-même le risque de faillite qu’elles ont annoncé.

Pour réduire l’emprise de la psychologie des marchés sur le financement des États nous mettons en débat deux mesures :

Mesure n°8 : les agences de notation financière ne doivent pas être autorisées à peser arbitrairement sur les taux d’intérêt des marchés obligataires en dégradant la note d’un État : on devrait réglementer leur activité en exigeant que cette note résulte d’un calcul économique transparent.

Mesure n°8bis : affranchir les États de la menace des marchés financiers en garantissant le rachat des titres publiques par la BCE.

FAUSSE EVIDENCE N° 4 : L’ENVOLEE DES DETTES PUBLIQUES RESULTE D’UN EXCES DE DEPENSES

Michel Pébereau, l’un des « parrains » de la banque française, décrivait en 2005 dans l’un de ces rapports officiels ad hoc, une France étouffée par la dette publique et sacrifiant ses générations futures en s’adonnant à des dépenses sociales inconsidérées. L’État s’endettant comme un père de famille alcoolique qui boit au dessus de ses moyens : telle est la vision ordinairement propagée par la plupart des éditorialistes. L’explosion récente de la dette publique en Europe et dans le monde est pourtant due à tout autre chose : aux plans de sauvetage de la finance et surtout à la récession provoquée par la crise bancaire et financière qui a commencé en 2008 : le déficit public moyen dans la zone euro n’était que de 0,6% du PIB en 2007, mais la crise l’a fait passer à 7% en 2010. La dette publique est passée en même temps de 66% à 84% du PIB.

Cependant la montée de la dette publique, en France et dans de nombreux pays européens a d’abord été modérée et antérieure à cette récession : elle provient largement non pas d’une tendance à la hausse des dépenses publiques – puisqu’au contraire celles-ci, en proportion du PIB, sont stables ou en baisse dans l’Union européenne depuis le début des années 1990 – mais de l’effritement des recettes publiques, du fait de la faiblesse de la croissance économique sur la période, et de la contre-révolution fiscale menée par la plupart des gouvernements depuis vingt-cinq ans. Sur plus long terme la contre-révolution fiscale a continûment alimenté le gonflement de la dette d’une récession à l’autre. Ainsi en France, un récent rapport parlementaire chiffre à 100 milliards d’euros en 2010 le coût des baisses d’impôts consenties entre 2000 et 2010, sans même inclure les exonérations de cotisations sociales (30 milliards) et d’autres « dépenses fiscales ». Faute d’harmonisation fiscale, les États européens se sont livrées à la concurrence fiscale, baissant les impôts sur les sociétés, les hauts revenus et les patrimoines. Même si le poids relatif de ses déterminants varie d’un pays à l’autre, la hausse quasi-générale des déficits publics et des ratios de dette publique en Europe au cours des trente dernières années ne résulte pas principalement d’une dérive coupable des dépenses publiques. Un diagnostic qui ouvre évidemment d’autres pistes que la sempiternelle réduction des dépenses publiques.

Pour restaurer un débat public informé sur l’origine de la dette et donc les moyens d’y remédier nous mettons en débat une proposition :

Mesure n° 9 : Réaliser un audit public et citoyen des dettes publiques, pour déterminer leur origine et connaître l’identité des principaux détenteurs de titres de la dette et les montants détenus.

FAUSSE EVIDENCE N°5 : IL FAUT REDUIRE LES DEPENSES POUR REDUIRE LA DETTE PUBLIQUE

Même si l’augmentation de la dette publique résultait en partie d’une hausse des dépenses publiques, couper dans ces dépenses ne contribuerait pas forcément à la solution. Car la dynamique de la dette publique n’a pas grand chose à voir avec celle d’un ménage : la macroéconomie n’est pas réductible à l’économie domestique. La dynamique de la dette dépend en toute généralité de plusieurs facteurs : le niveau des déficits primaires, mais aussi l’écart entre le taux d’intérêt et le taux de croissance nominal de l’économie.

Car si ce dernier est plus faible que le taux d’intérêt, la dette va s’accroître mécaniquement du fait de « l’effet boule de neige » : le montant des intérêts explose, et le déficit total (y compris les intérêts de la dette) aussi. Ainsi, au début des années 1990, la politique du franc fort menée par Bérégovoy et maintenue malgré la récession de 1993-94 s’est traduite par un taux d’intérêt durablement plus élevé que le taux de croissance, expliquant le bond de la dette publique de la France pendant cette période. C’est le même mécanisme qui expliquait l’augmentation de la dette dans la première moitié des années 1980, sous l’impact de la révolution néolibérale et de la politique de taux d’intérêts élevés menée par Ronald Reagan et Margaret Thatcher.

Mais le taux de croissance de l’économie lui-même n’est pas indépendant des dépenses publiques : à court terme l’existence de dépenses publiques stables limite l’ampleur des récessions (« stabilisateurs automatiques ») ; à long terme les investissements et dépenses publiques (éducation, santé, recherche, infrastructures...) stimulent la croissance. Il est faux d’affirmer que tout déficit public accroît d’autant la dette publique, ou que toute réduction du déficit permet de réduire la dette. Si la réduction des déficits plombe l’activité économique, la dette s’alourdira encore plus. Les commentateurs libéraux soulignent que certains pays (Canada, Suède, Israël) ont réalisé de très brutaux ajustements de leurs comptes publics dans les années 1990 et connu immédiatement après un fort rebond de la croissance. Mais cela n’est possible que si l’ajustement concerne un pays isolé, qui regagne rapidement de la compétitivité sur ses concurrents. Ce qu’oublient évidemment les partisans de l’ajustement structurel européen, c’est que les pays européens ont pour principaux clients et concurrents les autres pays européens, l’Union européenne étant globalement peu ouverte sur l’extérieur. Une réduction simultanée et massive des dépenses publiques de l’ensemble des pays de l’Union ne peut avoir pour effet qu’une récession aggravée et donc un nouvel alourdissement de la dette publique.

Pour éviter que le rétablissement des finances publiques ne provoque un désastre social et politique nous mettons en débat deux mesures :

Mesure n°10 : Maintenir le niveau des protections sociales, voire les améliorer (assurance-chômage, logement…) ;

Mesure n°11 : accroître l’effort budgétaire en matière d’éducation, de recherche, d’investissements dans la reconversion écologique... pour mettre en place les conditions d’une croissance soutenable, permettant une forte baisse du chômage.

FAUSSE EVIDENCE N°6 : LA DETTE PUBLIQUE REPORTE LE PRIX DE NOS EXCES SUR NOS PETITS-ENFANTS

Il est une autre affirmation fallacieuse qui confond économie ménagère et macroéconomie, celle selon laquelle la dette publique serait un transfert de richesse au détriment des générations futures. La dette publique est bien un mécanisme de transfert de richesses, mais c’est surtout des contribuables ordinaires vers les rentiers.

En effet, se fondant sur la croyance rarement vérifiée selon laquelle baisser les impôts stimulerait la croissance et accroîtrait in fine les recettes publiques, les États européens ont depuis 1980 imité les USA dans une politique de moins-disant fiscal systématique. Les réductions d’impôt et de cotisations se sont multipliées (sur les bénéfices des sociétés, sur le revenu des particuliers les plus aisés, sur les patrimoines, sur les cotisations patronales...), mais leur impact sur la croissance économique est resté très incertain. Ces politiques fiscales anti-redistributives ont donc aggravé à la fois, et de façon cumulative, les inégalités sociales et les déficits publics.

Ces politiques fiscales ont obligé les administrations publiques à s’endetter auprès des ménages aisés et des marchés financiers pour financer les déficits ainsi créés. C’est ce qu’on pourrait appeler « l’effet jackpot » : avec l’argent économisé sur leurs impôts, les riches ont pu acquérir les titres (porteurs d’intérêts) de la dette publique émise pour financer les déficits publics provoqués par les réductions d’impôts... Le service de la dette publique en France représente ainsi 40 milliards d’euros par an, presqu’autant que les recettes de l’impôt sur le revenu. Tour de force d’autant plus brillant qu’on a ensuite réussi à faire croire au public que la dette publique était la faute des fonctionnaires, des retraités et des malades.

L’accroissement de la dette publique en Europe ou aux USA n’est donc pas le résultat de politiques keynésiennes expansionnistes ou de politiques sociales dispendieuses mais bien plutôt d’une politique en faveur des couches privilégiées : les « dépenses fiscales » (baisses d’impôts et de cotisations) augmentent le revenu disponible de ceux qui en ont le moins besoin, qui du coup peuvent accroître encore davantage leurs placements notamment en Bons du Trésor, lesquels sont rémunérés en intérêts par l’impôt prélevé sur tous les contribuables. Au total se met en place un mécanisme de redistribution à rebours, des classes populaires vers les classes aisées, via la dette publique dont la contrepartie est toujours de la rente privée.

Pour redresser de façon équitable les finances publiques en Europe et en France nous mettons en débat deux mesures :

Mesure n°12 : redonner un caractère fortement redistributif à la fiscalité directe sur les revenus (suppression des niches, création de nouvelles tranches et augmentation des taux de l’impôt sur le revenu…)

Mesure n°13 : supprimer les exonérations consenties aux entreprises sans effets suffisants sur l’emploi

FAUSSE EVIDENCE N°7 : IL FAUT RASSURER LES MARCHES FINANCIERS POUR POUVOIR FINANCER LA DETTE PUBLIQUE

Au niveau mondial, la montée des dettes publiques doit être analysée corrélativement à la financiarisation. Durant les trente dernières années, à la faveur de la totale libéralisation de la circulation des capitaux, la finance a accru considérablement son emprise sur l’économie. Les grandes entreprises recourent de moins en moins au crédit bancaire et de plus en plus aux marchés financiers. Les ménages aussi voient une part croissante de leur épargne drainée vers la finance pour leurs retraites, via les divers produits de placement ou encore dans certains pays via le financement de leur logement (prêts hypothécaires). Les gestionnaires de portefeuille cherchant à diversifier les risques, ils recherchent des titres publics en complément de titres privés. Ils les trouvaient facilement sur les marchés car les gouvernements menaient des politiques similaires conduisant à un essor des déficits : taux d’intérêt élevés, baisses d’impôts ciblées sur les hauts revenus, incitations massives à l’épargne financière des ménages pour favoriser les retraites par capitalisation, etc.

Au niveau de l’UE, la financiarisation de la dette publique a été inscrite dans les traités : depuis Maastricht les Banques centrales ont interdiction de financer directement les États, qui doivent trouver prêteurs sur les marchés financiers. Cette « répression monétaire » accompagne la « libération financière » et prend l’exact contrepied des politiques adoptées après la grande crise des années 1930, de « répression financière » (restrictions drastiques à la liberté d’action de la finance) et de « libération monétaire » (avec la fin de l’étalon-or). Il s’agit de soumettre les États, supposés par nature trop dépensiers, à la discipline de marchés financiers supposés par nature efficients et omniscients.

Résultat de ce choix doctrinaire, la Banque centrale européenne n’a ainsi pas le droit de souscrire directement aux émissions d’obligations publique des États européens. Privés de la garantie de pouvoir toujours se financer auprès de la Banque Centrale, les pays du Sud ont ainsi été les victimes d’attaques spéculatives. Certes depuis quelques mois, alors qu’elle s’y était toujours refusé au nom d’une orthodoxie sans faille, la BCE achète des obligations d’État au taux d’intérêt du marché pour calmer les tensions sur le marché obligataire européen. Mais rien ne dit que cela suffira, si la crise de la dette s’aggrave et que les taux d’intérêt de marché s’envolent. Il pourrait alors être difficile de maintenir cette orthodoxie monétaire dénuée de fondements scientifiques sérieux.

Pour remédier au problème de la dette publique nous mettons en débat deux mesures :

Mesure n°14 : autoriser la Banque centrale européenne à financer directement les États (ou à imposer aux banques commerciales de souscrire à l’émission d’obligations publiques) à bas taux d’intérêt, desserrant ainsi le carcan dans lequel les marchés financiers les étreignent

Mesure n°15 : si nécessaire, restructurer la dette publique, par exemple en plafonnant le service de la dette publique à un certain % du PIB, et en opérant une discrimination entre les créanciers selon le volume des titres qu’ils détiennent : les très gros rentiers (particuliers ou institutions) doivent consentir un allongement sensible du profil de la dette, voire des annulations partielles ou totales. Il faut aussi renégocier les taux d’intérêt exorbitants des titres émis par les pays en difficulté depuis la crise.

FAUSSE EVIDENCE N°8 : L’UNION EUROPÉNNE DÉFEND LE MODELE SOCIAL EUROPÉEN

La construction européenne apparaît comme une expérience ambiguë. Deux visions de l’Europe coexistent, sans oser s’affronter ouvertement. Pour les sociaux-démocrates l’Europe aurait dû se donner l’objectif de promouvoir le modèle social européen, fruit du compromis social de l’après seconde guerre mondiale, avec sa protection sociale, ses services publics et ses politiques industrielles. Elle aurait dû constituer un rempart face à la mondialisation libérale, un moyen de protéger, de faire vivre et progresser ce modèle. L’Europe aurait dû défendre une vision spécifique de l’organisation de l’économie mondiale, la mondialisation régulée par des organismes de gouvernance mondiale. Elle aurait dû permettre aux pays membres de maintenir un niveau élevé de dépenses publiques et de redistribution, en protégeant leur capacité de les financer par l’harmonisation de la fiscalité sur les personnes, les entreprises, les revenus du capital.


Cependant l’Europe n’a pas voulu assumer sa spécificité. La vision dominante actuellement à Bruxelles et au sein de la plupart des gouvernements nationaux est au contraire celle d’une Europe libérale, dont l’objectif est d’adapter les sociétés européennes aux exigences de la mondialisation : la construction européenne est l’occasion de mettre en cause le modèle social européen et de déréguler l’économie. La prééminence du droit de la concurrence sur les réglementations nationales et sur les droits sociaux dans le Marché unique permet d’introduire plus de concurrence sur les marchés des produits et des services, de diminuer l’importance des services publics et d’organiser la mise en concurrence des travailleurs européens. La concurrence sociale et fiscale a permis de réduire les impôts, notamment sur les revenus du capital et des entreprises (les « bases mobiles »), et de faire pression sur les dépenses sociales. Les traités garantissent quatre libertés fondamentales : la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux. Mais loin de se limiter au marché intérieur, la liberté de circulation des capitaux a été accordée aux investisseurs du monde entier, soumettant ainsi le tissu productif européen aux contraintes de valorisation des capitaux internationaux. La construction européenne apparaît comme un moyen d’imposer aux peuples des réformes néolibérales.

L’organisation de la politique macroéconomique (indépendance de la Banque Centrale Européenne vis-à-vis du politique, Pacte de stabilité) est marquée par la méfiance envers les gouvernements démocratiquement élus. Il s’agit de priver les pays de toute autonomie en matière de politique monétaire comme en matière budgétaire. L’équilibre budgétaire doit être atteint, puis toute politique discrétionnaire de relance bannie, pour ne plus laisser jouer que la « stabilisation automatique ». Aucune politique conjoncturelle commune n’est mise en œuvre au niveau de la zone, aucun objectif commun n’est défini en termes de croissance ou d’emploi . Les différences de situation entre les pays ne sont pas prises en compte, puisque le pacte ne s’intéresse ni aux taux d’inflation ni aux déficits extérieurs nationaux ; les objectifs de finances publiques ne tiennent pas compte des situations économiques nationales.

Les instances européennes ont tenté d’impulser des réformes structurelles (par les Grandes orientations de politiques économiques, la Méthode ouvertes de coordination, ou l’Agenda de Lisbonne) avec un succès très inégal. Leur mode d’élaboration n’était ni démocratique, ni mobilisateur, leur orientation libérale ne correspondait pas obligatoirement aux politiques décidées au niveau national, compte tenu des rapports de forces existant dans chaque pays. Cette orientation n’a pas connue d’emblée les succès éclatants qui l’auraient légitimée. Le mouvement de libéralisation économique a été remis en cause (échec de la directive Bolkestein) ; certains pays ont été tentés de nationaliser leur politique industrielle tandis que la plupart s’opposaient à l’européanisation de leurs politiques fiscales ou sociales. L’Europe sociale est restée un vain mot, seule l’Europe de la concurrence et de la finance s’est réellement affirmée.

Pour que l’Europe puisse promouvoir véritablement un modèle social européen, nous mettons en débat deux mesures :

Mesure n°16 : remettre en cause la libre circulation des capitaux et des marchandises entre l’Union européenne et le reste du monde, en négociant des accords multilatéraux ou bilatéraux si nécessaire

Mesure n°17 : au lieu de la politique de concurrence, faire de « l’harmonisation dans le progrès » le fil directeur de la construction européenne. Mettre en place des objectifs communs à portée contraignante en matière de progrès social comme en matière macroéconomique (des GOPS, grandes orientations de politique sociale)

FAUSSE EVIDENCE N°9 : L’EURO EST UN BOUCLIER CONTRE LA CRISE

L’euro aurait dû être un facteur de protection contre la crise financière mondiale. Après tout, la suppression de toute incertitude sur les taux de change entre monnaies européennes a éliminé un facteur majeur d’instabilité. Pourtant, il n’en a rien été : l’Europe est plus durement et plus durablement affectée par la crise que le reste du monde. Cela tient aux modalités-mêmes de construction de l’union monétaire.

Depuis 1999 la zone euro a connu une croissance relativement médiocre et un accroissement des divergences entre les États membres en termes de croissance, d’inflation, de chômage et de déséquilibres extérieurs. Le cadre de politique économique de la zone euro, qui tend à imposer des politiques macroéconomiques semblables pour des pays dans des situations différentes, a élargi les disparités de croissance entre les États membres. Dans la plupart des pays, en particulier les plus grands, l’introduction de l’euro n’a pas provoqué l’accélération promise de la croissance. Pour d’autres, il y a eu croissance mais au prix de déséquilibres difficilement soutenables. La rigidité monétaire et budgétaire, renforcée par l’euro, a permis de faire porter tout le poids des ajustements sur le travail. On a promu la flexibilité et l’austérité salariale, réduit la part des salaires dans le revenu total, accru les inégalités.

Cette course au moins disant social a été remportée par l’Allemagne qui a su dégager d’importants surplus commerciaux au détriment de ses voisins et surtout de ses propres salariés, en s’imposant une baisse du coût du travail et des prestations sociales, ce qui lui a conféré un avantage commercial par rapport à ses voisins qui n’ont pu traiter leurs travailleurs aussi durement. Les excédents commerciaux allemands pèsent sur la croissance des autres pays. Les déficits budgétaires et commerciaux des uns ne sont que la contrepartie des excédents des autres... Les États membres n’ont pas été capables de définir une stratégie coordonnée.

La zone euro aurait du être moins touché que les États-Unis ou le Royaume-Uni par la crise financière. Les ménages sont nettement moins impliqués dans les marchés financiers, qui sont moins sophistiqués. Les finances publiques étaient dans une meilleure situation ; le déficit public de l’ensemble des pays de la zone était de 0,6% du PIB en 2007, contre près de 3% aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou au Japon. Mais la zone euro souffrait d’un creusement des déséquilibres : les pays du Nord (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Pays Scandinaves) bridaient leurs salaires et leurs demandes internes et accumulaient des excédents extérieurs, alors que les pays du Sud (Espagne, Grèce, Irlande) connaissaient une croissance vigoureuse impulsée par des taux d’intérêt faibles relativement au taux de croissance, tout en accumulant des déficits extérieurs.

Alors que la crise financière est partie des États-Unis, ceux-ci ont tenté de mettre en œuvre une réelle politique de relance budgétaire et monétaire, tout en initiant un mouvement de re-régulation financière. L’Europe au contraire n’a pas su s’engager dans une politique suffisamment réactive. De 2007 à 2010, l’impulsion budgétaire a été de l’ordre de 1,6 point de PIB dans la zone Euro ; de 3,2 points au Royaume-Uni ; de 4,2 points aux États-Unis. La perte de production due à la crise a été nettement plus forte dans la zone euro qu’aux États-Unis. Le creusement des déficits dans la zone a été subi plutôt que le résultat d’une politique active.

En même temps, la Commission a continué de lancer des procédures de déficit excessif contre les États-membres de sorte qu’à la mi-2010 pratiquement tous les États de la zone y étaient soumis. Elle a demandé aux États-membres de s’engager à revenir avant 2013 ou 2014 sous la barre de 3%, indépendamment de l’évolution économique. Les instances européennes ont continué de réclamer des politiques salariales restrictives et des remises en cause des systèmes publics de retraite et de santé, au risque évident d’enfoncer le continent dans la dépression et d’accroître les tensions entre les pays. Cette absence de coordination, et plus fondamentalement l’absence d’un vrai budget européen permettant une solidarité effective entre les États membres, ont incité les opérateurs financiers à se détourner de l’euro, voire à spéculer ouvertement contre lui.

Pour que l’euro puisse réellement protéger les citoyens européens de la crise nous mettons en débat deux mesures :

Mesure n°18 : assurer une véritable coordination des politiques macroéconomiques et une réduction concertée des déséquilibres commerciaux entre pays européens

Mesure n°19 : compenser les déséquilibres de paiements en Europe par une Banque de Règlements (organisant les prêts entre pays européens)

Mesure n°20 : si la crise de l’euro mène à son éclatement, et en attendant la montée en régime du budget européen (cf. infra), établir un régime monétaire intraeuropéen (monnaie commune de type « bancor ») qui organise la résorption des déséquilibres des balances commerciales au sein de l’Europe


FAUSSE EVIDENCE N°10 : LA CRISE GRECQUE A ENFIN PERMIS D’AVANCER VERS UN GOUVERNEMENT ECONOMIQUE ET UNE VRAIE SOLIDARITE EUROPEENNE

A partir de la mi-2009, les marchés financiers ont commencé à spéculer sur les dettes des pays européens. Globalement, la forte hausse des dettes et des déficits publics à l’échelle mondiale n’a pas (encore) entrainé de hausses des taux longs : les opérateurs financiers estiment que les banques centrales maintiendront longtemps les taux monétaires réels à un niveau proche de zéro, et qu’il n’y a pas de risque d’inflation ni de défaut d’un grand pays. Mais les spéculateurs ont perçu les failles de l’organisation de la zone euro. Alors que les gouvernements des autres pays développés peuvent toujours être financés par leur Banque centrale, les pays de la zone euro ont renoncé à cette possibilité, et dépendent totalement des marchés pour financer leurs déficits. Du coup, la spéculation a pu se déclencher sur les pays les plus fragiles de la zone : Grèce, Espagne, Irlande.

Les instances européennes et les gouvernements ont tardé à réagir, ne voulant pas donner l’impression que les pays membres avaient droit à un soutien sans limite de leurs partenaires et voulant sanctionner la Grèce, coupable d’avoir masqué – avec l’aide de Goldman Sachs – l’ampleur de ses déficits. Toutefois, en mai 2010, la BCE et les pays membres ont dû créer dans l’urgence un Fonds de stabilisation pour indiquer aux marchés qu’ils apporteraient ce soutien sans limite aux pays menacés. En contrepartie, ceux-ci ont du annoncer des programmes d’austérité budgétaire sans précédent, qui vont les condamner à un recul de l’activité à court terme et à une longue période de récession. Sous pression du FMI et de la Commission européenne la Grèce doit privatiser ses services publics et l’Espagne flexibiliser son marché du travail. Même la France et l’Allemagne, qui ne sont pas attaqués par la spéculation, ont annoncé des mesures restrictives.

Pourtant, globalement, la demande n’est aucunement excessive en Europe. La situation des finances publiques est meilleure que celle des États-Unis ou de la Grande-Bretagne, laissant des marges de manœuvre budgétaire. Il faut résorber les déséquilibres de façon coordonnée : les pays excédentaires du Nord et du centre de l’Europe doivent mener des politiques expansionnistes – hausse des salaires, des dépenses sociales... - pour compenser les politiques restrictives des pays du Sud. Globalement, la politique budgétaire ne doit pas être restrictive dans la zone Euro, tant que l’économie européenne ne se rapproche pas à une vitesse satisfaisante du plein-emploi.

Mais les partisans des politiques budgétaires automatiques et restrictives en Europe sont malheureusement aujourd’hui renforcés. La crise grecque permet de faire oublier les origines de la crise financière. Ceux qui ont accepté de soutenir financièrement les pays du Sud veulent imposer en contrepartie un durcissement du Pacte de Stabilité. La Commission et l’Allemagne veulent imposer à tous les pays membres d’inscrire l’objectif de budget équilibré dans leur constitution, de faire surveiller leur politique budgétaire par des comités d’experts indépendants. La Commission veut imposer aux pays une longue cure d’austérité pour revenir à une dette publique inférieure à 60% du PIB. S’il y a une avancée vers un gouvernement économique européen, c’est vers un gouvernement qui, au lieu de desserrer l’étau de la finance, va imposer l’austérité et approfondir les « réformes » structurelles au détriment des solidarités sociales dans chaque pays et entre les pays.

La crise offre aux élites financières et aux technocraties européennes la tentation de mettre en œuvre la « stratégie du choc , en profitant de la crise pour radicaliser l’agenda néolibéral. Mais cette politique a peu de chances de succès :
- La diminution des dépenses publiques va compromettre l’effort nécessaire à l’échelle européenne pour soutenir les dépenses d’avenir (recherche, éducation, politique familiale), pour aider l’industrie européenne à se maintenir et à investir dans les secteurs d’avenir (économie verte).
- La crise va permettre d’imposer de fortes réductions des dépenses sociales, objectif inlassablement recherché par les tenants du néolibéralisme, au risque de compromettre la cohésion sociale, de réduire la demande effective, de pousser les ménages à épargner pour leur retraite et leur santé auprès des institutions financières, responsables de la crise.
-  Les gouvernements et les instances européennes se refusent à organiser l’harmonisation fiscale qui permettrait la hausse nécessaire des impôts sur le secteur financier, sur les patrimoines importants et les hauts revenus.
-  Les pays européens instaurent durablement des politiques budgétaires restrictives qui vont lourdement peser sur la croissance. Les recettes fiscales vont chuter. Aussi, les soldes publics ne seront guère améliorés, les ratios de dette seront dégradés, les marchés ne seront pas rassurés.
-  Les pays européens, du fait de la diversité de leurs cultures politiques et sociales, n’ont pas pu se plier tous à la discipline de fer imposée par le traité de Maastricht ; ils ne se plieront pas tous à son renforcement actuellement organisé. Le risque d’enclencher une dynamique de repli sur soi généralisé est réel.

<>Pour avancer vers un véritable gouvernement économique et une solidarité européenne nous mettons en débat deux mesures :

Mesure n°21 : développer une fiscalité européenne (taxe carbone, impôt sur les bénéfices, …) et un véritable budget européen pour aider à la convergence des économies et tendre vers une égalisation des conditions d’accès aux services publics et sociaux dans les divers États membres sur la base des meilleures pratiques.

Mesure n°22 : lancer un vaste plan européen, financé par souscription auprès du public à taux d’intérêt faible mais garanti, et/ou par création monétaire de la BCE, pour engager la reconversion écologique de l’économie européenne.

CONCLUSION

METTRE EN DÉBAT LA POLITIQUE ECONOMIQUE, TRACER DES CHEMINS POUR REFONDER L’UNION EUROPEENNE

L’Europe s’est construite depuis trois décennies sur une base technocratique excluant les populations du débat de politique économique. La doctrine néolibérale, qui repose sur l’hypothèse aujourd’hui indéfendable de l’efficience des marchés financiers, doit être abandonnée. Il faut rouvrir l’espace des politiques possibles et mettre en débat des propositions alternatives et cohérentes, qui brident le pouvoir de la finance et organisent l’harmonisation dans le progrès des systèmes économiques et sociaux européens. Cela suppose la mutualisation d’importantes ressources budgétaires, dégagées par le développement d’une fiscalité européenne fortement redistributrice. Il faut aussi dégager les États de l’étreinte des marchés financiers. C’est seulement ainsi que le projet de construction européenne pourra espérer retrouver une légitimité populaire et démocratique qui lui fait aujourd’hui défaut.

Il n’est évidemment pas réaliste d’imaginer que 27 pays décideront en même temps d’opérer une telle rupture dans la méthode et les objectifs de la construction européenne. La Communauté économique européenne a commencé avec six pays : la refondation de l’Union européenne passera elle aussi au début par un accord entre quelques pays désireux d’explorer des voies alternatives. A mesure que deviendront évidentes les conséquences désastreuses des politiques aujourd’hui adoptées, le débat sur les alternatives montera partout en Europe. Des luttes sociales et des changements politiques interviendront à un rythme différent selon les pays. Des gouvernements nationaux prendront des décisions innovantes. Ceux qui le désireront devront adopter des coopérations renforcées pour prendre des mesures audacieuses en matière de régulation financière, de politique fiscale ou sociale. Par des propositions concrètes ils tendront la main aux autres peuples pour qu’ils rejoignent le mouvement.

C’est pourquoi il nous semble important d’ébaucher et de mettre en débat dès maintenant les grandes lignes de politiques économiques alternatives qui rendront possible cette refondation de la construction européenne.

Enkonduko La monda ekonomia reprogreso, ebligita per giganta enigo de ŝtataj elspezoj en la ekonomia cirkvito (de Usono al Ĉinio), estas fragila sed efektiva. Nur unu kontinento postrestas: Eŭropo. Retrovi la vojon al la kresko ne plu estas politika prioritato. Ĝi ekiris alian vojon: tiun de la batalo kontraŭ la ŝtataj deficitoj.

En eŭropa Unio, tiuj deficitoj estas ja altaj – 7% meze en 2010 – sed multe malpli ol la 11% de Usono. Kiam iuj usonaj ŝtatoj kun economía pezo pli granda ol tiu de Greklando, por ekzemplo Kalifornio, estas en kvazaŭ bankroto, la financaj merkatoj decidis spekuli pri la suverenaj ŝuldoj de la eŭropaj landoj, kaj aparte de la sudeŭropaj. Eŭropo estas kaptita en sia propra institucia kaptilo: la ŝtatoj devas deprunti de privataj financaj institucioj, kiuj akiras malaltkostajn disponeblaĵojn de la Eŭropa Centra Banko (ECB). La merkatoj tiel tenas la ŝlosilon de la financado de la ŝtatoj. En tiu situacio, la malesto de eŭropa solidareco estigas spekuladon, tiom kiom la taksaj agentejoj rolas por pligrandigi la malfidon.

Necesis la malaltigo, la 15-an de Junio, de la noto de Greklando fare de la agentejo Moody's, por ke la eŭropaj regantoj retrovu la vorton "neracieco", kiun ili tiom uzis komence de la krizo de la riskopruntoj. Same, oni malkovras ke Hispanio estas multe pli minacata per la malforteco de sia kreska modelo kaj de sia banka sistemo ol per sia ŝtatŝuldo.


Por "trankviligi la merkatojn", eŭrostabiliga fonduso estis improvizita, kaj drastaj planoj, ofte blindaj, por redukti la ŝtatŝuldon, estis lanĉitaj en tuta Eŭropo. La ŝtatoficistoj estas la unue trafitaj, inkluzive en Francio, kie la altigo de la pensikotizoj estos maskita malaltigo de ilia salajro. La nombro de la ŝtatoficistoj malkreskas ĉie, minacante la ŝtatajn servojn. La socialaj monatribuoj, de Nederlando al Portugalio tra Francio kun la nuna reformo de la pensioj, estas survoje al grava redukto. La senlaboreco kaj la malfirmeco de la dungeco sendube kreskos en la venontaj jaroj. Tiuj decidoj estas nerespondecaj laŭ polítika kaj socia vidpunkto, kaj eĉ laŭ nura ekonomíka vidpunkto.


Tiu polítiko, kiu tre provizore reduktis la spekuladon, jam havas tre negativajn socialajn konsekvencojn en multaj eŭropaj landoj, kaj aparte por la junularo, la laboristaro kaj la plejmalfortuloj. Fine ĝi aktivigos la streĉojn en Eŭropo kaj tiel minacos la eŭropan konstruadon mem, kiu estas multe pli ol ekonomika projekto. Ekonomio estas konsiderata ja je la servo de la konstruado de demokrata, pacigita kaj unuigita kontinento. Anstataŭ tio, formo de diktaturo de la merkatoj sin trudas ĉie, kaj aparte nun en Portugalio, en Hispanio kaj en Greklando, tri landoj, kiuj estis diktaturoj ankoraŭ komence de la 1970-aj jaroj, tio estas antaŭ apenaŭ kvardek jaroj.

Interpreti tion kiel la deziron "trankviligi la merkatojn" de la timigitaj regantoj, aŭ kiel bona preteksto por trudi la elektojn diktitajn de la ideologio, la submetiĝo al tiu didakturo ne estas akceptebla, tiom ĝi pruvis sian ekonomikan senefikecon kaj sian detruan potencon politikan kaj socialan. Vera demokrata debato pri la elektoj de ekonomika politiko devas esti malfermita en Francio kaj en Eŭropo. Plej multaj ekonomikistoj, kiuj intervenas en la publika debato, faras tion por pravigi aŭ raciigi la submetiĝon de la politikistoj al la postuloj de la financaj merkatoj. Certe ja, la ŝtatpotenco devis ĉie improvizi kejnanismajn relanĉajn planojn kaj eĉ kelkfoje ŝtatigi provizore bankojn. Sed ili volas kiel eble plej frue fermi tiun parentezon. La novliberala programo estas ĉiam konsiderata kiel la nura legitima, malgraŭ siaj evidentaj fiaskoj. Fondita sur la hipotezo de la efikeco de la financaj merkatoj, ĝi rekomendas la redukton de la ŝtatŝuldo, la privatigon de ŝtataj servoj, la fleksebligon de la labormerkato, la liberigon de la komerco, de la financaj servoj kaj de la kapitalmerkatoj, la kreskigopn de konkurenco ĉiam kaj ĉie…

Kiel ekonomikistoj, ni estas konsternitaj konstati ke tiuj politikoj estas ĉiam aktualaj kaj ke iliaj teoriaj fundamentoj ne estas redebatataj. La argumentoj antaŭmetataj de tridek jaroj por orienti la decidojn de la eŭropaj ekonomikaj politikoj tamen frakasiĝis kontraŭ la faktoj. La krizo rivelis la dogman kaj senbazan karakteron de plej multaj asertataj evidentaĵoj ĝisnaŭze ripetataj de la decidantoj kaj ties konsilantoj. Se temas pri efikeco kaj racieco de la financaj merkatoj, pri neceso tranĉi en la elspezoj por redukti la ŝtatŝuldon, aŭ pri plifortigo de la "pakto pri stabileco", necesas demandi tiujn falsajn evidentaĵojn kaj montri la plurecon de la eblaj elektoj rilataj al ekonomika politiko. Aliaj elektoj estas eblaj kaj dezireblaj, kondiĉe unue malstreĉi la premon truditan de la financa industrio al la ŝtataj politikoj.

Ĉi-sube ni faras kritikan prezenton de dek postulatoj, kiuj daŭre inspiras ĉiutage la decidojn de la ŝtataj potencoj ĉie en Eŭropo, malgraŭ la pikaj malkonfirmoj venintaj de la financa krizo kaj de ties sekvoj. Temas pri falsaj evidentaĵoj, kiuj inspiras maljustajn kaj neefikajn decidojn, kontraŭ kiuj, ni prezentas dudek du kontraŭproponojn por debato. Ĉiu el ili ne ĉiam ricevas la unuanimecon de la subskribintoj de tiu teksto, sed ili devas estis serioze konsiderataj, se oni volas elirigi Eŭropon el la senelirejo.

FALSA EVIDENTAĴO N°1 : LA FINANCAJ MERKATOJ ESTAS EFIKAJ

Nuntempe, fakto trudiĝas al ĉiuj observantoj: la supera rolo, kiun ludas la financaj merkatoj en la ekonomia funkciado. Tio estas la rezulto de longa evoluo, kiu komenciĝis fin de la  1970-aj jaroj. Kiamaniere, oni mezuras ĝin, tiu evoluo signas klaran rompon, tiom kvantan kiel kvalitan, kompare al la antaŭaj jardekoj. Sub la premo de la financaj merkatoj, la tuta reguligo de kapitalismo profunde transformiĝis, naskante novan formon de kapitalismo, kiun iuj nomis "hereda kapitalismo", "financa kapitalismo" aŭ ankaŭ "novliberala kapitalismo".

Tiuj mutacioj trovis en la hipotezo de informa efikeco de la financaj merkatoj, sian teorian ĝustiĝon. Laŭ tiu hipotezo, gravas disvolvi la financajn merkatojn, agi por ke ili funkciu kiel eble plej libere, ĉar ili konsistigas la solan mekanismon por efika atribuo de la kapitalo. La politikoj kondukataj kun obstinegeco dum tridek jaroj konformas al tiu rekomendo. Temis pri la starigo de financa merkato, monde integrita, sur kiu ĉiuj aktoroj (entreprenoj, familioj, ŝtatoj, financaj institucioj) povas interŝanĝi ĉiujn kategoriojn de valorpaperoj (akcioj, obligacioj, ŝuldoj, derivitaĵoj, valutoj) por ĉiuj templimo (longa, mezlonga, mallonga). La financaj merkatoj pli kaj pli similas al la merkato "sen frotado" de la manlibroj: la ekonomika parolado sukcesis krei realaĵon. La merkatoj, estantaj pli kaj pli "perfektaj", laŭsignife de la superrega ekonomika teorio, la analizistoj kredis ke la financa merkato estis fariĝinta por ĉiam multe pli stabila ol estintece. "La "granda modereco" – tiu periodo de ekonomia kresko sen altigo de la salajroj, kiu okazis en Usono de 1990 ĝis 2007 – ŝajnis konfirmi tion.

Ankoraŭ nuntempe, la G20 persistas en la ideo, ke la financaj merkatoj estas la bona mekanismo por la kapitala atribuo. La supereco kaj la integreco de la financaj merkatoj plu estas la finajn celojn, kiun celas la nova financa reguligo. La krizo estas interpretata, ne kiel neevitebla rezulto de la logiko de la malreguligitaj merkatoj, sed kiel la rezulto de la mahonesteco kaj nerespondeco de iuj financaj aktoroj malbone kontrolataj de la ŝtatpotencoj.

Kvankam, la krizo ja montris ke la merkatoj ne estas efikaj, kaj ke ili ne ebligas efikan atribuon de la kapitalo. La konsekvencoj de tiu fakto rilataj al reguligo kaj ekonomika politiko estas gravegaj. La teorio pri efikeco baziĝas sur la ideo ke la investantoj serĉas kaj trovas la plej fidindan informon pri la valoro de projektoj, kiuj konkurencas por trovi financadon. Laŭ tiu teorio, la prezo, kiu formiĝas sur iu merkato, spegulas la juĝojn de la investantoj kaj sintezas la tuton de la haveblaj informoj: ĝi konsistigas do bonan taksaĵon de la vera valoro de la valorpaperoj. Tiu valoro estas supozata resumi la kompletan informon necesan por orienti la ekonomian agadon kaj tiel la socian vivon. Tiel, la kapitalo investiĝas en la plej profitaj projektoj kaj forlasas la malplej efikajn. Tio estas la centra ideo de tiu teorio: la financa konkurenco produktas ĝustajn prezojn, kiuj konsistigas fidindajn signalojn por la investantoj kaj efike orientas la ekonomian disvolvon.

Sed la krizo venis konfirmi la diversajn kritikajn esplorojn, kiuj ekdubigis tiun postulaton. La financa konkurenco ne necese produktas ĝustajn prezojn. Plej malbone: la financa konkurenco ofte estas malstabiliga kaj kondukas al ekscesaj kaj neraciaj prezevoluoj: la financaj vezikoj.


La plej grava eraro de tiu teorio pri efikeco de la financaj merkatoj kuŝas en la transpono al la financaj produktoj de la konata teorio de la ordinarvaraj merkatoj. Sur tiuj lastaj, la konkurenco estas parte memreguliga pro tio, kion oni nomas la "regulo" de la oferto kaj mendo: kiam la prezo de varo kreskas, tiam la produktantoj kreskigas sian oferton kaj la aĉetantoj reduktas sian mendon, tiam la prezo malaltiĝas kaj revenas proksime de sia ekvilibra nivelo. Alidirate, kiam la prezo de varo kreskas, retenaj fortoj tendencas bremsi kaj poste inversigi tiun kreskon. Konkurenco produktas tion, kion oni nomas "negativaj retroagoj", retenaj fortoj, kiuj agas inverse de la origina okazaĵo. La ideo pri efikeco naskiĝas de rekta transpono de tiu mekanismo al la financaj merkatoj.

Sed, por tiuj lastaj, la situacio tre malsimilas. Kiam la prezo kreskas, ofte observeble estas, ne malkresko se kresko de la mendo! Ĉar la kresko de la prezo signifas plialtan profiton por tiuj, kiuj posedas la valorpaperon, pro la estigita plivaloro. La kresko de la prezo allogas novajn aĉetantojn, kio plikreskigas la originan kreskon. La pluspromesoj instigas la transakciistojn ankoraŭ amplifi la movon. Ĝis la incidento, neantaŭvidebla sed neevitebla, kiu inversigas la anticipojn kaj kondukas al la frakasiĝo. Tiu fenomeno, konata kiel tiu de la ŝafoj de Panurgo, estas procezo kun "pozitivaj retroagoj", kiuj pligravigas la malekvilibrojn. Tio estas la spekula veziko: akumula kresko de la prezoj, kiu nutras sin mem. Tiu tipo de procezo ne produktas ĝustajn prezojn, sed male neadekvatajn prezojn.


La supera pozicio akirita de la financaj merkatoj do ne povas konduki al iu ajn efikeco. Eĉ pli, ĝi estas konstanta fonto de nestabileco, kiel klare montras la seninterrompa serio de vezikoj, kiujn ni konis de dudek jaroj: Japanio, sudorienta Azio, Interneto, ekstaraj merkatoj, konstruado, valorpaperigo. La financa nestabileco montriĝas ankaŭ per ampleksa fluktuado de la valutkurzoj kaj de la borso,  evidente sen rilato kun la fundamentoj de la ekonomio. Tiu nestabileco, naskiĝinta de la financa sektoro, propagiĝas al la reala ekonomio per multaj mekanismoj.


Por redukti la neefikecon kaj nestabilecon de la financaj merkatoj, ni sugestas kvar proponojn:


Propono n°1: strikte septi la financajn merkatojn kaj la agadojn de la financaj aktoroj, malpermesi al la bankoj spekuli por si mem, por eviti la propagiĝon de la vezikoj kaj frakasiĝoj,


Propono n°2: redukti la disponeblecon kaj la malstabiligan spekuladon per kontroloj pri la kapitalmovoj kaj per impostoj pri la financaj transakcioj,

Propono n°3: limigi la financajn transakciojn al tiuj respondaj al bezonoj de la reala ekonomio (por ekzemplo: CDS nur por la certigitaj posedantoj de valorpaperoj, ktp.),

Propono n°4: plafonigi la laborenspezojn de la transakciistoj

FALSA EVIDENTAĴO N°2: LA FINANCAJ MERKATOJ ESTAS BONAJ POR LA EKONOMIA KRESKO

La financa integrado portis la povon de la financo al ĝia zenito pro la fakto ke ĝi unuigas kaj centrigas la kapitalisman proprietaĵon je monda skalo. Ekde nun, ĝi decidas pri la profitecaj normoj postulataj de ĉiuj kapitaloj. La projekto estis ke la merkata financo anstataŭu la bankan financadon de la investoj. Projekto, kiu fiaskis, ĉar hodiaŭ, entute, ne estas la akciuloj, kiuj financas la kompaniojn sed inverse. Tamen, la regado de la entreprenoj profunde aliiĝis por atingi la profitecajn normojn de la merkato. Kun la altiĝo de la akciulara valoro, sin trudis nova organizo de la entreprenoj kaj de ties administrado, elpensita por la nura servo al la akciulo. La ideo de komuna intereso propra al ĉiuj partoprenantoj ligitaj al la entrepreno malaperis. La regantoj de kompanioj borse kvotataj estas komisiitaj unue por kontentigi la deziron de la akciuloj pliriĉiĝi kaj nur por tio. Konsekvence, ili mem ĉesas estis salajruloj, kiel montras la supermezura altiĝo de iliaj laborenspezoj. Kiel diras la teorio de la "agentejo", la celo estas ke la interesoj de la regantoj konverĝu ekde nun kun tiuj de la akciuloj.

La ROE (an: "return on Equity", eo profito de la propra kapitalo) de 15% ĝis 25% estas nun la normo, kiun trudas la potenco de la financo al la entreprenoj kaj al la dungitoj. La disponebleco estas la ilo de tiu potenco, ebliganta je iu ajn momento al la nekontentigitaj kapitaloj, iri aliloken. Fronte al tiu potenco, la dungitaro same kiel la politika suvereneco troviĝas, pro ilia oniĝo, en malsupera stato. Tiu malekvilibra situacio kondukas al neraciaj profitecaj postuloj, ĉar ili bremsas la ekonomian kreskon kaj kondukas al konstanta kresko de la enspezaj neegalaĵoj. Iuflanke, la profitecaj postuloj forte inhibicias la investadon: ju pli la postulata profito estas alta, des pli malfacile estas trovi projektojn kapablajn kontentigi ilin. La investaj procentoj restas historie malaltaj en Eŭropo kaj en Usono. Aliflanke, tiuj postuloj estigas konstantan premon malsupren al la salajroj kaj la aĉetpovo, kio ne favoras la mendon. La samtempa bremsado de la investado kaj de la konsumado kondukas al malforta kresko kaj al endemia senlaboreco. Tiu tendenco estis kontraŭita en la anglosaksonaj landoj per la disvolvo de familiŝuldoj kaj per financaj vezikoj, kiuj kreas fiktivan riĉecon kaj ebligas konsumkreskon sen salajroj, sed kiuj finiĝas per frakasiĝoj.

 

Por forigi la negativajn efikojn de la financaj merkatoj sur la ekonomia agado, ni almetas tri proponojn por debato.

Propono n°5: signifike plifortigi la kontraŭpovojn en la entreprenoj por devigi la estrarojn konsideri la interesojn de la tuto de la partoprenantoj.


Propono n°6: forte kreskigi la impostadon de la trealtenspezuloj por senkuraĝigi la kuron al neelteneblaj profitoj.


Propono n°7: redukti la dependon de la entreprenoj de la financaj merkatoj, disvolvante ŝtatpotencan politikon pri kredito (preferaj interezoj por la
socialaj kaj priĉirkaŭaj prioritataj agadoj).

FALSA EVIDENTAĴO N° 3 : LA MERKATOJ ESTAS BONAJ TAKSANTOJ PRI LA SOLVENTECO DE LA ŜTATOJ

Laŭ la subtenantoj de la efikeco de la financaj merkatoj, la merkatkomisiitoj konsiderus la objektivan situacion de la publikaj financoj por taksi la riskon subskripcii al ŝtata prunto. Ni rigardu al la greka kazo: la financaj komisiitoj kaj la decidantoj konsideras nur la financajn taksojn por prijuĝi situacion. Tiel, kiam la interezo postulata de Greklando supreniris al pli ol 10%, ĉiuj deduktis de tio ke la risko de bankroto estis proksima: se la investantoj postulas tian riskan krompagon, tiel estas ĉar la danĝero estas ekstrema.

Tie estas profunda eraro, se oni komprenas la veran naturon de la taksado fare de la financa merkato. Ne estanta efika, ĝi liveras tre ofte prezojn tute neligitajn al la fundamentoj. En tiuj kondiĉoj, estas neracie fidi nur la financajn taksadojn por prijuĝi situacion. Taksi la valoron de financa valorpapero ne estas operacio komparebla al la mezuro de objektiva grandeco, por ekzemplo al la taksado de pezo de objekto. Financa valorpapero estas rajto pri estontaj enspezoj: por taksi ĝin, necesas antaŭvidi kia estos ĝia estonteco. Tio estas demando pri juĝo, ne pri objektiva mezuro, ĉar ĉe momento t, la estonteco estas tute ne antaŭdeterminita. En la merkatĉambroj, ĝi estas nur tio, kion la komisiitoj imagas, ke ĝi estos. Financa prezo rezultas de prijuĝo, de kredo, de veto pri estonteco: nenio certigas ke la taksado fare de la merkatoj havas superecon super la aliaj formoj de taksado.

Precipe, la financa taksado ne estas neŭtrala: ĝi efikas al la mezurata objekto, ĝi engaĝas kaj konstruas la estontecon, kiun ĝi imagas. Tiel la financaj notaciaj agentejoj forte kontribuas al la determinado de la interezoj sur la obligaciaj merkatoj, donante notojn kun granda subjektiveco, kaj eĉ kun volo nutri malstabilecon, fonton de spekulaj profitoj. Kiam ili reduktas la noton de ŝtato, ili kreskigas la interezon postulatan de la financaj aktoroj por akiri la valorpaperojn de la ŝtatŝuldo de tiu ŝtato, kaj tiel kreskigas la riskon de bankroto, kiun ili anoncis.

Por redukti la povon de la merkata psikologio sur la financado de la ŝtatoj, ni almetas du proponojn por debato.
Propono n°8: la agentejoj pri financa notacio ne devas esti permesitaj arbitre premi al la interezo de la obligaciaj merkatoj, malkreskigante la noton de ŝtato: oni devus reguligi ilian agadon, postulante ke tiu noto estu la rezulto de travidebla ekonomika kalkulo.


Propono n°8-dua: liberigi la ŝtatojn de la minaco de la financaj merkatoj, garantiante la reaĉeton de la ŝtataj valorpaperoj fare de la eŭropa centra Banko.


FALSA EVIDENTAĴO N° 4 : LA SUPRENIRA FLUGO DE LA ŜTATŜULDOJ REZULTAS DE ELSPEZA TROO
 
Michel Pébereau, unu el la "baptopatroj" de la franca banko, priskribis en 2005 en unu el tiuj oficialaj alcelaj raportoj, Francion sufokantan pro la ŝtatŝuldo kaj oferantan siajn estontajn generaciojn per pago de supermezuraj socialaj elspezoj. La ŝtato ŝuldiĝanta kiel akohola familipatro, kiu trinkas super siaj monrimedoj: tia estas la vido kutime propagata de plej multaj frontartikolistoj. La freŝdata eksplodo de la ŝtatŝuldo en Eŭropo kaj en la mondo tamen ŝuldiĝas al alia kaŭzo: al la financsavaj planoj kaj precipe al la recesio estigita de la banka kaj financa krizo, kiu komenciĝis en 2008: la meza ŝtata deficito en la eŭrozono estis nur 0,6% de la BIP en 2007, sed la krizo kreskigis ĝin al 7% en 2010. La ŝtatŝuldo kreskis intertempe de 66% al 84% de la BIP.

Tamen la kresko de la ŝtatŝuldo, en Francio kaj en multaj eŭropaj landoj unue estis modera kaj antaŭis tiun recesion: ĝi venas precipe ne de la tendenco al la kresko de la ŝtataj elspezoj – ĉar male, tiuj lastaj, en proporcio de la BIP, estas stabilaj aŭ malkreskas en la eŭropa Unio ekde la komenco de la 1990-aj jaroj – sed de la redukto de la ŝtataj enspezoj, pro la malforteco de ekonomia kresko dum tiu periodo, kaj pro la fiska kontraŭrevolucio kondukata de plej multaj registaroj ekde dudek kvin jaroj. Dum pli longa periodo, la fiska kontraŭrevolucio daŭre nutris la ŝvelon de la ŝuldo de iu recesio al la alia. Tiel en Francio, freŝdata parlamenta raporto nombras al 100 miliardoj de eŭroj en 2010 la koston de la impostaj reduktoj konsentitaj inter 2000 kaj 2010, eĉ sen inkluzivigi la senŝarĝigon de la socialaj kotizoj (30 miliardoj) kaj aliajn "fiskajn elspezojn". Pro manko de fiska harmonio, la eŭropaj ŝtatoj fiske sin konkurencis, malkreskigante la impostojn pri la entreprenoj, la altajn enspezojn kaj la havaĵarojn. Eĉ se la relativa pezo de tiuj elementoj varias de iu lando al alia, la kreskado preskaŭ ĝenerala de la ŝtatŝuldoj kaj de la procentoj de ŝtatŝuldo en Eŭropo dum la lastaj tridek jaroj ne rezultas precipe de kulpigebla drivo de la ŝtataj elspezoj. Diagnozo, kiu evidente malfermas aliajn vojojn, ol la daŭra redukto de ŝtataj elspezoj.

Por restaŭri publikan debaton, informitan pri la origino de la ŝuldo kaj do pri la rimedoj, ni almetas unu proponon por debato.

Propono n°9: Fari publikan kaj civitanan analizon de la ŝtatŝuldoj, por determini ilian originon kaj identigi la ĉefajn posedantojn de la ŝuldaj valorpaperoj kaj ties sumojn.


FALSA EVIDENTAĴO N° 5 : NECESAS REDUKTI LA ELSPEZOJN POR REDUKTI LA ŜTATŜULDON

Eĉ se la kresko de la ŝtatŝuldo rezultus parte de altiĝo de la ŝtataj elspezoj, tranĉi en tiuj elspezoj ne necese kontribuus al la solvado. Ĉar la dinamiko de la ŝtatŝuldo tute malsamas al tiu de familio: la makroekonomiko ne estas reduktebla al la doma ekonomiko. La dinamiko de la ŝuldo dependas en plena ĝeneraleco de pluraj faktoroj: la nivelo de la unuarangaj deficitoj, sed ankaŭ de la diferenco inter la interezprocentoj kaj la nominala kreska procento de ekonomio.

Ĉar se tiu lasta estas malpli forta ol la interezprocento, la ŝuldo mekanike kreskos pro la fenomeno "neĝbulo": la sumo de la interezoj eksplodas, kaj ankaŭ la tuta deficito (inkluzive de la interezoj de la ŝuldo). Tiel, komence de la 1990-aj jaroj, la politiko de la forta franko kondukata de Bérégovoy kaj plutenata malgraŭ la recesio de 1993-94 tradukiĝis per interezprocento daŭre pli alta ol la kreska procento, klarigante la salton de la ŝtatŝuldo de Francio dum tiu periodo. Tio estas la sama mekanismo, kiu klarigis la kreskon de la ŝuldo en la unua duono de la 1980-aj jaroj, konsekvence de la novliberala revolucio kaj de la politiko de altaj interezprocentoj kondukata de Ronald Reagan kaj Margaret Thatcher.


Sed la ekonomia kreskoprocento mem ne estas sendependa de la ŝtatŝuldoj: ĉe proksima tempolimo la ekzisto de stabilaj ŝtataj elspezoj limigas la amplekson de la recesioj ("aŭtomataj stabiligiloj"); ĉe malproksima tempolimo la investoj kaj la ŝtataj elspezoj (edukado, sano, esplorado, substrukturoj…) stimulas la kreskon. False estas aserti ke ĉiu ŝtata deficito samkvante kreskigas la ŝtatŝuldon, aŭ ke ĉiu  deficita redukto ebligas redukti la ŝuldon. Se la redukto de la deficitoj ŝarĝas la ekonomian agadon, la ŝuldo ankoraŭ pli kreskos. La liberalaj komentantoj substrekas ke iuj landoj (Kanado, Svedio, Israelo) tre draste alĝustigis siajn ŝtatajn kontojn en la 1990-aj jaroj kaj spektis tujan fortan kreskoresalton. Sed tio eblas nur se la alĝustigo koncernas izolitan landon, kiu rapide regajnas konkurecon kontraŭ siaj konkurantoj. Tio, kion evidente forgesas la adeptoj de la eŭropa struktura alĝustigo, estas ke la eŭropaj landoj havas kiel ĉefajn klientojn kaj konkurantojn la aliajn eŭropajn landojn, ĉar eŭropa Unio estas entute malmulte malfermita al la ekstero. Samtempa kaj amasa redukto de la ŝtataj elspezoj en la tuto de la uniaj landoj povas efiki nur kiel pligravigita recesio kaj do al nova plipeziĝo de la ŝtatŝuldo.

Por eviti ke la rebonigo de la ŝtataj financoj ne estigu socialan kaj politikan katastrofon, ni almetas du proponojn por debato: 

Propono n°10: pluteni la nivelon de la socialaj protektoj, eĉ plibonigi ilin (asekuro pri senlaboreco, loĝado,…)

Propono n°11: kreskigi la buĝetan klopodon rilatan al edukado, esplorado, investoj en la ekologia konverto… por starigi la kondiĉojn de daŭriva kresko, ebliganta fortan malaltigon de senlaboreco.


FALSA EVIDENTAĴO N°6 : LA ŜTATŜULDO TRANSDONAS LA KOSTON DE NIAJ EKSCESOJ AL NIAJ NEPOJ

Alia erariga aserto, pro konfuzo inter doma ekonomio kaj makroekonomiko, estas tiu laŭ kiu la ŝtatŝuldo estus transigo de riĉeco malfavore al la estontaj generacioj. La ŝtatŝuldo estas ja mekanismo por transigo de riĉaĵoj, sed precipe de la ordinaraj impostpagantoj al la rentuloj.

Efektive, baziĝante sur kredo malofte verigita laŭ kiu malaltigi la impostojn stimulus la kreskon kaj kreskigus fine la ŝtatajn enspezojn, la eŭropaj ŝtatoj ekde la 1980 imitis Usonon en la politiko de sistema fiska malplejproponanto. La impostaj kaj kotizaj reduktoj multiĝis (pri la profitoj de la entreprenoj, pri la enspezo de la plejbonhavuloj, pri la havaĵoj, pri la entreprenaj salajrokotizoj, …) sed ilia efiko al la ekonomia kresko restas tre necerta. Tiuj fiskaj politikoj kontraŭ-redistribuaj do pligravigis, samtempe, kaj kumule la socialajn malegalaĵojn kaj la ŝtatajn deficitojn.


Tiuj fiskaj politikoj devigis la ŝtatajn administraciojn ŝuldiĝi ĉe la bonhavaj familioj kaj ĉe la financaj merkatoj por financi la tiel kreitajn deficitojn. Tio povus esti nomata la "efiko supergajno": per la mono ŝparita de siaj impostoj, la riĉuloj povis akiri valorpaperojn (interezportantajn) de la ŝtatŝuldo emisiita por financi la ŝtatajn deficitojn estigitajn de la impostoreduktoj... La servo de la ŝtatŝuldo en Francio kostas tiel 40 miliardojn da eŭroj jare, preskaŭ tiom kiom la enspezoj de la laŭenspeza imposto. Grandfaro des pli miriga ke poste oni eĉ sukcesis kredigi al la publiko ke pri la ŝtatŝuldo, kulpas la ŝtatfunkciuloj, la pensiuloj kaj la malsanuloj.

La kreskigo de la ŝtatŝuldo en Eŭropo aŭ en Usono do ne estas la rezulto de ekspansiismaj kejnanismaj politikoj aŭ de multekostaj socialaj politikoj sed pli ĝuste de politiko favora al la privilegiitaj tavoloj: la "fiskaj elspezoj" (malaltigo de impostoj kaj kotizoj) kreskigas la disponeblan enspezon de tiuj, kiuj malpli bezonas ĝin, kiuj tiel povas kreskigi ankoraŭ pli siajn investojn aparte en la fiskaj promeskambioj, kies interezoj estas pagataj per la imposto sur ĉiuj impostpagantoj. Fine instaliĝas mekanismo pro retroredistribuo, de la popolaj klasoj al la bonhavaj klasoj, tra la ŝtatŝuldo kies kontraŭparto estas ĉiam privata profito.

Por juste korekti la ŝtatajn financojn en Eŭropo kaj en Francio ni almetas du proponoj por debato.

Propono n°12: restarigi la forte redistribuan karakteron de la rekta fiska sistemo pri la enspezoj (nenigo de la niĉoj, kreo de novaj tranĉoj kaj kreskigo de la laŭenspeza impostprocento…).

Propono n°13: neniigi la senimpostigojn  konsentitajn al la entreprenoj sen sufiĉa efiko al la dungeco.

FALSA EVIDENTAĴO N°7 : NECESAS TRANKVILIGI LA FINANCAJN MERKATOJN POR KAPABLI FINANCI LA ŜTATŜULDON

Mondnivele, la altiĝo de la ŝtatŝuldoj devas esti analizata korelative al la financizigo. Dum la tridek lastaj jaroj, profite de la tuta liberigo de la kapitalcirkulado, financo tre ege kreskigis sian povon super ekonomio. La gravaj entreprenoj sin turnas malpli kaj malpli al la banka kredito kaj pli kaj pli al la financaj merkatoj. Ankaŭ la familioj vidas kreskantan parton de sia ŝparo drenitan al financo por siaj pensioj, per la diversaj investproduktoj aŭ ankaŭ en iuj landoj per la financado de siaj loĝejoj (hipotekaj pruntoj). La valorpaperaj administrantoj serĉas kiel diversigi la riskojn, ili deziras ŝtatajn valorpaperojn aldone al privataj valorpaperoj. Ili trovis ilin facile sur la merkatoj ĉar la registaroj kondukis similajn politikojn kies rezulto estis kresko de la deficitoj; altaj interezprocentoj, impostaj malaltigoj celantajn altajn enspezojn, amasa instigo al financa ŝparo de la familioj favore al la pensioj per kapitaligo, ktp.

Je la nivelo de EU, la financizigo de la ŝtatŝuldo estas skribita en la traktatoj: de Maastricht, la centraj Bankoj estas malpermesitaj rekte financi la ŝtatojn, ili devas trovi alpruntantojn sur la financaj merkatoj. Tiu "mona subpremo" akompanas la "financan liberigon" kaj kontraŭas la politikojn adoptitajn post la grava krizo de la 1930-aj jaroj, de "financa subpremo" (drastaj limigoj al la aglibereco de financo) kaj de "mona liberigo" (kun la fino de la or-etalono). La celo estas submeti la ŝtatojn, supozatajn nature elspezemaj, al la disciplino de la financaj merkatoj supozataj nature efikaj kaj ĉiosciaj.

 

Rezulto de tiu doktrina elekto, la centra eŭropa Banko (ECB) tiel ne rajtas rekte subskripcii al la emisioj de ŝtataj obligacioj de la eŭropaj landoj. Senigitaj de la garantio ĉiam kapabli financi sin ĉe la centra Banko, la sudaj landoj estis la viktimoj de spekulaj atakoj. Certe, de kelkaj monatoj, kvankam ĝi ĉiam rifuzis tion nome de senmanka ortodoksio, la ECB aĉetis ŝtatajn obligaciojn je merkata interezprocento por kvietigi la tensiojn sur la eŭropa obligacia merkato. Sed nenio certigas ke tio sufiĉos, se la ŝuldokrizo pligraviĝas kaj se merkataj interezprocentoj forte altiĝas. Tiam estus malfacile pluteni tiun monan ortodoksion, al kiu mankas serirozaj sciencaj fundamentoj.
Por korekti la problemon de la ŝtatŝuldo, ni almetas du proponojn por debato.


Propono n°14: rajtigi la eŭropan centran Bankon rekte financi la ŝtatojn (aŭ trudi al la komercaj bankoj la subskripcion al la emisioj de ŝtataj obligacioj) je malalta interezprocento, tiel malstreĉante la premon de la financaj merkatoj al ili. 
Propono n°15: se necesas, restrukturi la ŝtatŝuldon, por ekzemplo plafonigante la servon de la ŝtatŝuldo al iu procento de la BIP, kaj distingante inter la kreditoroj laŭ la volumo de la valorpaperoj, kiujn ili posedas: la tre dikaj rentuloj (personoj aŭ institucioj) devas konsenti plilongigon de la ŝulda profilo, kaj eĉ partajn aŭ kompletajn nuligojn. Necesas ankaŭ renegoci la ekscesajn interezprocentojn de la valorpaperoj emisiitaj de la landoj en malfacila situacio ekde la krizo.

FALSA EVIDENTAĴO N°8 : EŬROPA UNIO DEFENDAS LA EŬROPAN SOCIALAN MODELON

La eŭropa konstruado aspektas kiel ambigua eksperimento. Du ideoj pri Eŭropo kunekzistas, sen aŭdaci rekte alfronti sin. Por la socialdemokratoj, Eŭropo estus devinta starigi kiel celon la promocion de la eŭropa sociala modelo, frukto de la socia kompromiso depost la dua mondmilito, kun ĝia sociala protekto, ĝiaj ŝtataj servoj kaj ĝiaj industriaj politikoj. Ĝi estus devinta fariĝi remparo kontraŭ la liberala mondigo, rimedo por protekti, vivigi kaj progresigi tiun modelon. Eŭropo estus devinta defendi apartan ideon de la organizo de la monda ekonomio, la mondigon reguligatan per organismoj de monda regado. Ĝi estus devinta permesi al la membroj-ŝtatoj pluteni altan nivelon de ŝtataj elspezoj kaj de redistribuo, protektante ilian kapablon financi ilin per harmoniigo de la fiska sistemo pri personoj, entreprenoj, enspezoj de la kapitalo.


Tamen, Eŭropo ne volis teni sian apartecon. La superrega ideo nun en Bruselo kaj en plej multaj naciaj registaroj estas male tiu de liberala Eŭropo, kies celo estas adapti la eŭropajn sociojn al la postuloj de la mondigo: la eŭropa konstruado estas bona okazo por akuzi la eŭropan socialan modelon kaj reguligi ekonomion. La superrego de la konkurenca juro super la naciaj leĝaroj kaj super la socialaj rajtoj en la unika Merkato ebligas enkonduki pli grandan konkurencon al la merkato de la produktoj kaj servoj, redukti la gravecon de la ŝtataj servoj kaj organizi la konkurencon inter eŭropaj laboristoj. La sociala kaj fiska konkurenco ebligis redukti la impostojn, aparte pri la enspezoj de la kapitalo kaj de la entreprenoj (la "moveblaj bazoj") kaj premi la socialajn elspezojn. La traktatoj garantias kvar fundamentajn liberecojn: la liberan cirkuladon de la personoj, de la varoj, de la servoj kaj de la kapitaloj. Sed sen limigi ĝin al la interna merkato, la libereco de cirkulado de la kapitaloj estis konsentita al la investantoj de la tuta mondo, submetante tiel la eŭropan produktan sektoron al la trudoj de valorigo de la internaciaj kapitaloj. La eŭropa konstruado aperas kiel rimedo por trudi al la popoloj la novliberalajn reformojn.

La organizo de la makroekonomika politiko (sendependeco de la eŭropa centra Banko de la registaroj, pakto pri stabileco) estas markita per la nefido al la demokrate elektitaj registaroj. Tio celas forpreni de la ŝtatoj ĉiun ajn aŭtonomecon en mona politiko same kiel en buĝeta. La buĝeta ekvilibro devas esti atingita, kaj ĉiu aparta relanĉa politiko devas esti forigita, por lasi la "aŭtomata stabiligo" funkcii. Neniu komuna konjunktura politiko estas utiligata je la eŭropa nivelo, neniu komuna celo pri kresko aŭ dungeco estas difinita. La diferencoj en la situacioj de la landoj ne estas konsiderataj, ĉar la pakto interesiĝas nek pri la inflaciprocento nek pri la naciaj eksteraj deficitoj; la celoj de la ŝtataj financoj ne konsideras la naciajn ekonomiajn situaciojn.

La eŭropaj instancoj provis puŝi strukturajn reformojn (per la grandaj orientiĝoj de la ekonomikaj politikoj, la malfermita metodo de kunordigo, aŭ la agendo de Lisbono) kun tre malegala sukceso. Ilia preparmaniero estis nek demokrata, nek instiga, ilia liberala orientiĝo ne necese respondis al la politikoj nacinivele deciditaj, konsiderante la fortojn kaj kontraŭfortojn en ĉiu landoj. Tiu orientiĝo ne tuj akiris la brilajn sukcesojn, kiuj estus pravigintaj ĝin. La movado pri ekonomia liberaligo estis barita (fiasko de la direktivo Bolkestein), iuj landoj konsideris la naciigon de sia industria politiko dum plej multaj oponis la eŭropigon de siaj fiskaj kaj socialaj politikoj. Sociala Eŭropo restas vana vorto, nur Eŭropo de konkurenco kaj financo vere trudis sin.

 

Por ke Eŭropo povu vere promocii eŭropan socialan modelon, ni almetas du proponojn por debato.

Propono n°16: rekonsideri la liberan cirkuladon de la kapitaloj kaj varoj inter eŭropa Unio kaj la ekstera mondo, negocante multilandajn aŭ dulandajn interkonsentojn se necesas. 
Propono n°17: anstataŭ la politiko de konkurenco meti "la harmoniigon en la progreso"kiel la gvidprincipo de la eŭropa konstruado. Starigi komunajn celojn kun efiktrudoj pri sociala progreso same kiel pri makroekonomiko (iuj GOSP: grandaj orientiĝoj pri sociala politiko)


FALSA EVIDENTAĴO N°9 : EŬRO ESTAS ŜILDO KONTRAŬ LA KRIZO

Eŭro devus estinta protekta faktoro kontraŭ la monda financa krizo. Certe, la forigo de ĉiu necerteco pri la kurzoj inter la eŭropaj valutoj forigis gravan faktoron de nestabileco. Tamen tio ne estis: Eŭropo estas pli forte kaj pli longtempe trafata de la krizo ol la resto de la mondo. Tio ŝuldiĝas al la konstrumaniero de la mona Unio. 

Ekde 1999 la eŭrozono spektis relative malfortan kreskon kaj pligrandiĝon de la diverĝoj inter la membroj-ŝtatoj pri kresko, inflacio, senlaboreco kaj eksteraj malekvilibroj. La kadro de la eŭrozona ekonomika politiko, kiu tendencas trudi similajn makroekonomikajn politikojn al landoj en malsamaj situacioj, plilarĝigis la kreskan disiĝon inter la membroj-ŝtatoj. En plej multaj landoj, kaj aparte en la pli grandaj, la enkonduko de eŭro ne estigis la promesitan akcelon de la kresko. Por aliaj, okazis kresko sed kontraŭ malfacile teneblaj malekvilibroj. La mona kaj buĝeta rigideco, plifortigita per eŭro, ebligis pagigi ĉiujn alĝustigojn al la laboro. Oni promociis la salajran flekseblecon kaj aŭsterecon, reduktis la parton de la salajroj en la tuta enspezaro, plikreskigis la malegalaĵojn.

Tiun konkurson al sociala malplejpropono gajnis Germanio, kiu sukcesis produkti grandajn komercajn profitojn domaĝe al siaj najbaroj kaj precipe domaĝe al siaj propraj salajruloj, trudante al si malaltigon de la laborkosto kaj de la socialaj monatribuoj, kio donis al ĝi komercan avantaĝon kompare al ĝiaj najbaroj, kiuj ne kapablis trakti siajn laboristojn tiel draŝe. La germanaj komercaj plusoj pezas sur la kresko de aliaj landoj. La buĝetaj kaj komercaj deficitoj de iuj estas nur la kontraŭparto de la plusoj de aliaj… La membroj-ŝtatoj ne kapablis difini kunordigitan strategion.

La eŭrozono devus esti suferinta malpli ol Usono aŭ Unuiĝinta Reĝlando pro la financa krizo. La familioj estas tre malpli implikitaj en la financaj merkatoj, kiuj estas malpli kompleksaj. La ŝtataj financoj estis en plibona situacio, la ŝtata deficito de la tuto de la landoj de la zono estis 0,6% de la BIP en 2007, kontraŭ preskaŭ 3% en Usono, en Unuiĝinta Reĝlando kaj en Japanio. Sed la eŭrozono suferis de kaviĝo de la malekvilibroj: la nordaj landoj (Germanio, Aŭstrio, Nederlando, skandinaviaj landoj) bridis siajn salajrojn kaj siajn internajn mendojn kaj akumulis eksterajn plusojn, kiam la sudaj landoj (Hispanio, Greklando, Irlando) konis viglan kreskon impulsatan per malfortaj interezprocentoj kompare al la kreskoprocento, tamen kumulante eksterajn deficitojn.

  Kvankam la financa krizo komenciĝis en Usono, tiu lando provis enkonduki veran politikon pri buĝeta kaj mona relanĉo, samtempe komencante movadon de financa rereguligo. Male, Eŭropo ne kapablis decidi pri sufiĉe reaga politiko. De 2007 ĝis 2010, la buĝeta impulso valoris 1,6 punkton de BIP en la eŭrozono, 3,2 punktojn en Unuiĝinta Reĝlando, 4,2 punktojn en Usono. La produktadperdo pro la krizo estis multe pli forta en la eŭrozono ol en Usono. La kaviĝo de la deficitoj en la eŭrozono estis trudita pli ol la rezulto de aktiva politiko.

Samtempe, la Komisiono daŭre lanĉis procedurojn por ekscesa deficito kontraŭ la membroj-ŝtatoj, tiel ke meze de 2010 preskaŭ ĉiuj ŝtatoj de la zono estis submetitaj al ĝi. Ĝi postulis de la membroj-ŝtatoj engaĝiĝon reveni antaŭ 2013 aŭ 2014 sub la stango de 3%, sendepende de la ekonomia evoluo. La eŭropaj instancoj daŭre postulis striktigajn salajrajn politikojn kaj rekonsiderojn de la ŝtataj sistemoj pri pensioj kaj sano, kun la evidenta risko enprofundigi la kontinenton en deprimo kaj kreskigi la tensiojn inter la landoj. Tiu manko de kunordigo, kaj pli fundamente, la manko de vera eŭropa buĝeto ebliganta efektivan solidarecon inter la membroj-ŝtatoj, instigis la financajn aktorojn forturniĝi de eŭro, eĉ aperte spekuli kontraŭ ĝi.
 

Por ke eŭro povu vere protekti la eŭropajn civitanojn kontraŭ la krizo, ni almetas du proponojn por debato.

Propono n°18: certigi veran kunordigon de la makroekonomikajn politikojn kaj interkonsentitan redukton de la komercaj malekvilibroj inter eŭropaj lando.

Propono n°19: kompensi la malekvilibrojn de la pagoj en Eŭropo per Banko pri finpagoj (organizanta la pruntojn inter eŭropaj landoj).

Propono n°20: se la krizo de eŭro kondukas al ĝia eksplodo, kaj atendante la efektiviĝon de eŭropa buĝeto (vidu suben), fondi intraeŭropan monan reĝimon (komuna valuto laŭ tipo "bancor") kiu organizas la gradan forigon de la malekvilibroj de la komercaj bilancoj ene de eŭropo.


FALSA EVIDENTAĴO N°10 : LA GREKA KRIZO FINE EBLIGIS PROGRESI AL EKONOMIKA REGADO KAJ VERA EŬROPA SOLIDARECO

Ekde mezo de 2009, la financaj merkatoj komencis spekuli pri la eŭroplandaj ŝuldoj. Entute, la forta kresko de la ŝtataj ŝuldoj kaj deficitoj je la monda nivelo (ankoraŭ) ne pelis plialten la longtempajn procentojn: la financaj aktoroj opiniis ke la centraj Bankoj plutenos longtempe la realajn monajn procentojn je nivelo proksima al nulo, kaj ke estas risko nek pri inflacio nek pri bankroto de granda lando. Sed la spekulantoj ekvidis la mankojn de la eŭrozona organizo. Kiam la registaroj de la aliaj disvolviĝintaj landoj ĉiam rajtas esti financataj de sia centra Banko, la eŭrozonaj landoj forcedis tiun eblecon, kaj tute dependas de la merkatoj por financi siajn deficitojn. Tiel, la spekulado povis ataki la plej malfortajn landojn de la zono: Greklando, Hispanio, Irlando.

La eŭropaj instancoj kaj la registaroj malfrue reagis, ne volante signali ke la membroj-ŝtatoj rajtis senliman subtenon de siaj partneroj sed por puni Greklandon, kulpan je maskado – helpe de Goldman Sachs – de la amplekso de siaj deficitoj. Tamen, en Majo 2010, la ECB kaj la membroj-ŝtatoj devis urĝe krei stabiligan fonduson por indiki al la merkatoj, ke ili alportos tiun senliman subtenon al la minacataj landoj. Kontraŭparte, tiuj devis anonci neniam vidintan planojn pri buĝeta aŭstereco, kiuj kondamnos ilin al proksimtempa malprogreso de la agado kaj al longa recesia periodo. Sub premo de IMF (Internacia Monda Fonduso) kaj de eŭropa Komisiono, Greklando devas privatigi siajn ŝtatajn servojn kaj Hispanio devas fleksebligi sian labormerkaton. Eĉ Francio kaj Germanio, kiuj ne estas spekule atakataj, anoncis striktigajn decidojn.

Tamen, entute, la mendo absolute ne estas ekscesa en Eŭropo. La situacio de la ŝtataj financoj estas plibona ol tiuj de Usono aŭ de Unuiĝinta Reĝlando, lasante marĝenojn por buĝeta adaptiĝo. Necesas grade forigi la malekvilibrojn laŭ interkonsentita maniero: la plusaj landoj de la nordo kaj de la centro de Eŭropo devas konduki ekspansiismajn politikojn – altigo de la salajroj, de la socialaj elspezoj… - por kompensi la striktigajn politikojn de la sudaj landoj. Entute, la buĝeta politiko ne devas esti striktiga en eŭrozono, tiel longe ke la eŭropa ekonomio ne alproksimiĝas laŭ kontentiga rapido al dungopleneco.

Sed la adeptoj de la striktigaj kaj aŭtomataj buĝetaj politikoj en Eŭropo estas bedaŭrinde nuntempe plifortigitaj. La greka krizo ebligas forgesigi pri la originoj de la financa krizo. Tiuj, kiuj akceptis finance subteni la sudajn landojn volas trudi kontraŭparte malmoligon de la pakto pri stabileco. La Komisiono kaj Germanio volas trudi al ĉiuj membroj-ŝtatoj enskribi la objektivon de ekvilibra buĝeto en sia konstitucio, kontroligi tiun buĝetan politikon de sendependaj ekspertulaj komitatoj. La komisiono volas trudi al landoj longan aŭsteran kuracadon por revenigi la ŝtatŝuldon sub 60% de la BIP. Se estas paŝo al eŭropa ekonomika registaro, tio estas al registaro kiu, anstataŭ malstreĉi la premon de financo, trudos aŭsterecon kaj pliprofundigos la strukturajn "reformojn" domaĝe al la socialaj solidarecoj en ĉiu lando kaj inter la landoj.

La krizo ofertas al la financaj elitoj kaj al eŭropaj teknokratioj, la tenton enkonduki "ŝokstrategion", profitante la krizon por radikaligi la novliberalan agendon. Sed tiu politiko havas malmultajn ŝancojn sukcesi:

-  La malkresko de la ŝtataj elspezoj malutilos al la necesa klopodo je eŭropa nivelo por subteni la elspezojn pri estonteco (esplorado, edukado, familia politiko), por helpi eŭropan industrion pluvivi kaj investi en la promesplenaj sektoroj (verda ekonomio).

-  La krizo ebligos trudi fortajn reduktojn de la socialaj elspezoj, celo nelacigeble alkurata de la novliberalaj adeptoj, kun la risko malutili al la socia kunligiĝo, redukti la efektivan mendon, instigi la familiojn ŝpari por siaj pensioj kaj sano ĉe financaj institucioj respondecaj pri la krizo.

-  La registaroj kaj la eŭropaj instancoj rifuzas la organizon de fiska harmoniigo, kiu ebligus la necesan altigon de la impostoj pri la financa sektoro, pri la grandaj havaĵaroj kaj la altaj enspezoj.

-  La eŭropaj landoj enkondukas por longa tempo striktigajn buĝetajn politikojn, kiuj forte pezos super la kresko. La fiskaj enspezoj falos. Tiel la ŝtataj bilancoj ne estos multe plibonigitaj, la ŝuldoprocentoj estos damaĝitaj, la merkatoj ne estos trankviligitaj.

-  La eŭropaj landoj, pro la diverseco de siaj socialaj kaj politikaj kulturoj, ne kapablis teni la feran disciplinon truditan de la traktato de Maastricht, ne ĉiuj submetiĝos al ĝia nun organizata plifortigo. La risko ekigi dinamikon de ĝeneraligita reenmemiĝo estas reala.

Por progresi al vera ekonomika registaro kaj al eŭropa solidareco, ni almetas du proponojn por debatio: 

Proponon°21: disvolvi eŭropan impostosistemon (imposto pri karbono, imposto pri profitoj, …) kaj veran eŭropan buĝeton por helpi la konverĝon de la ekonomioj kaj tendenci al egaligo de la alirkondiĉoj al ŝtataj kaj socialaj servoj en la diversaj membroj-ŝtatoj surbaze de la plej bonaj praktikoj.

Propono n°22: lanĉi vastan eŭropan planon, financatan per subskripcio ĉe la pubiko je malforta interezprocento sed garantiata, kaj/aŭ per monkreado fare de ECB, por komenci la ekologian konverton de eŭropa ekonomio.

KONKLUDO

DEBATIGI LA EKONOMIKAN POLITIKON, DESEGNI VOJOJN POR REFONDI EŬROPAN UNION

Eŭropo konstruiĝis ekde tri jardekoj sur teknokrata bazo ekskludante la popolojn el la debato pri ekonomika politiko. La novliberala doktrino, kiu baziĝas sur la hipotezo hodiaŭ nedefendebla de la efikeco de la financaj merkatoj, devas esti forlasita. Necesas remalfermi la spacon de la eblaj politikoj, kaj debatigi alternativajn kaj koherajn proponojn, kiuj bridas la povon de financo kaj organizas la harmoniigon kun progreso de la eŭropaj socialaj kaj ekonomikaj sistemoj. Tio supozigas la kunmetiĝon de gravaj buĝetaj rimedoj, eltirataj de la la disvolvo de eŭropa impostosistemo forte redistribua. Necesas ankaŭ liberigi la ŝtatojn de la premo de la financaj merkatoj. Nur tiel la projekto pri eŭropa konstruado povos esperi reakiri popolan kaj demokratan legitimecon, kiu hodiaŭ mankas al ĝi.

Ne estas realisma imagi ke 27 landoj decidos samtempe apliki tian rompon en la metodo kaj en la celoj de la eŭropa konstruado. La eŭropa ekonomika Komunumo komenciĝis kun ses landoj: ankaŭ la refondo de eŭropa Unio komenciĝos per interkonsento inter kelkaj landoj dezirantaj esplori alternativajn vojojn. Samtempe kiel fariĝos evidentaj la katastrofaj konsekvencoj de la nun adoptitaj politikoj, la debato pri alternativoj elstaros en Eŭropo. Socialaj luktoj kaj politikaj ŝanĝoj okazos laŭ malsama ritmo laŭ la landoj. Naciaj registaroj faros novigajn decidojn. Tiuj, kiuj deziros tion devos adopti plifortigitajn kunlaboradojn por fari aŭdacajn decidojn pri financa reguligo, pri fiska aŭ sociala politiko. Per konkretaj proponoj, ili etendos la manon al aliaj popoloj por ke ili aliĝu al la movado.

Pro tio,ŝajnas al ni grave skizi kaj debatigi ekde nun la grandajn liniojn de alternativaj ekonomikaj politikoj, kiuj ebligos tiun refondon de la eŭropa konstruado.

Franca-esperanta vortaro

Balance commerciale: komerca bilanco.
Banque centrale: centra Banko.
BEC (Banque Centrale Européenne): ECB (Eŭropa Centra Banko).
Bon du trésor: fiska promeskambio.
Contribuable: impostpaganto
Créancier: kreditoro.
Dette publique: ŝtatŝuldo.
Excédents commerciaux: komercaj plusoj.
Exonération fiscale: senimpostigo.
Finances publiques: ŝtataj financoj.
Fiscalité: impostosistemo.
FMI (Fond Monétaire International): IMF (Internacia Monda Fonduso).
Impôt sur le revenu: laŭenspeza imposto.
Ménages et entreprises: familioj kaj entreprenoj.
Mesures restrictives: striktigaj decidoj.
Opérateurs financiers: financaj aktoroj.
Pacte de stabilité: pakto pri stabileco.
Pays développés: disvolvitaj landoj.
PIB (Produit Intérieur Brut): BIP (Brutta Interna Produkto).
Plein-emploi: dungopleneco.
Politique bugétaire: buĝeta politiko.
Prestations sociales: socialaj monatribuoj.
Rentier: rentulo
Retraite: pensio.
Spéculateur: spekulanto.
Taux de l'impôt: imposta procento.
Taux d'intérêt: interezprocento.
Titre: valorpapero.
Trader: transakciisto.

Reklamo: Esperanto, samniveliga lingvo